Que peut-il venir de bon d’Islande ? Des sagas et des poésies scaldiques hermétiques, des sources d’eau chaude, des paysages plats et froids, du poisson surgelé et un film fascinant.
Quinquagénaire agréablement potelée, Halldóra Geirharðsdóttir (Halla / Ása) porte le film sur ses solides épaules. De jour, professeur appréciée de chant ; de nuit, opposant intrépide à l’industrie qui détruit la terre mère. Le scénario hésite un temps entre un thriller technologique, la CIA et le Mossad sont appelés à la rescousse, et une comédie douce-amère sur la solitude et la sollicitude. Halla adopte une jeune orpheline ukrainienne. La séquence de l’annonce à la chorale qu’elle va être maman est admirable, ses amis transcendent leur émotion dans un chœur enjoué. Halla aime la musique, qui le lui rend bien. Un trio de jazz mutique et une triplette de Kiev l’accompagnent, observant avec intérêt les faits et gestes de l’héroïne.
Halla est grave, Halla est inquiète, H alla est seule face aux médias, au pouvoir, aux lobbies et ne peut compter que sur l’appui d’une sœur jumelle gentiment perchée et d’un brave cousin putatif. L’Islande est un pays neuf sur une très vieille terre. En une génération, les pauvres, arriérés et oubliés vikings se sont mués en de prospères urbains entrés de plein pied dans la modernité. Ils semblent y avoir perdu leur âme. Halla est belle. Elle seule parvient encore à rire. Elle échouera à préserver la nature islandaise, mais sauvera une enfant... Qui sauve une vie sauve le monde entier.