Critique de Womb par LuluCiné
Si le sujet vous fait penser à de la science fiction, il ne sert ici que de prétexte pour parler de l'amour incestueux et des dérives du clonage. Car le film ne s'inscrit que peu dans le genre de la science fiction. Vastes étendues désertiques où la mer vient se jeter sur l'écran, le temps et le lieu n’existe pas, et si Tokyo est évoqué, ce n'est que par opposition à cet îlot désœuvré.
Si on s'attache au sujet on saura faire fit des nombreuses erreurs du scénario. La rencontre amoureuse de deux enfants s'installe alors que l'un d'eux déménage ; ils se retrouvent adulte sans rien perdre de cette étincelle. J'ai eu beaucoup de mal à croire à cette histoire d'amour, qu'elle perdure après tant d'années ou que quelques jours seulement après leur retrouvailles suffisent à Rebecca pour porter la copie génétique de l'être disparu, tout cela m'a paru incongru, mais soit ; le sujet n'est pas là.
Le vrai thème du film, plus encore que le clonage, se situe dans la relation mère-fils. Peut-on aimer son enfant comme son amant ? Et autant de questions éthiques que soulève le clonage.
La thématique du film se retrouve indéniablement dans la mise en scène, mère et fils isolés au milieu d'un no-man's land sans nom. Si on constate que chaque plan se conçoit comme une photo c'est malheureusement au dépend d'un scénario faible, de dialogues inexistants et encore plus d'une direction d'acteur minimaliste. La lenteur qui s'inscrit purement dans une ambiance n'aide pour autant pas le spectateur à entrer dans cette histoire étrange. Beaucoup de plans ne servent qu'à meubler un récit qui ne fait que survoler les tabous du clonage. Tout tend vers une fin qu'on attend forcément avec drame et qui peut être réussie pour peu qu'on prenne la peine d'accepter l'ambiance du film, mais je reste trop déçu par un scénario brocardé au second plan. Si toute la mise en scène est symbolique, elle en oublie les nombreuses questions que le spectateur se pose. A l'image de la réalisation la relation mère-fils reste froide, les seconds rôles sont posés là juste pour apporter une intensité dramatique sans plus s'embarrasser du spectateur. Et pourtant il reste quelque chose d'hypnotique, on reste jusqu'au bout d'un film ovni, d'un film lent et assumé qui ne parvient pas à faire oublier les nombreux erratum du scénario.