Imaginez un universitaire (et auteur) vieillissant sujet à de fréquentes syncopes, le professeur Tripp, faisant fortuitement "équipe" avec son meilleur étudiant --- James, prodige taciturne, trop sage... et armé --- et lui prodiguant un cocktail plus ou moins licite (puis des substances) auquel le jeune homme n'est absolument pas habitué.
Quand ces deux oiseaux lâchent prise, le plus vieux peinant désormais à contrôler le plus jeune, ils sèment une zizanie que le paisible campus de Pittsburgh n'est pas près de l'oublier...
I know a dead dog when I see one
Je ne suis pas du tout certain que Curtis Hanson --- réalisateur du fabuleux L.A Confidential, trois ans plus tôt --- ait voulu mener un travail poussé (et encore moins abouti) sur les démons de l'écrivain, le monde littéraire, l'édition, etc.
Hanson est suffisamment touche-à-tout pour choisir un autre genre que la comédie pour verser dans cette réflexion-là.
Cet aspect de l'intrigue (la création romanesque) semble donc accessoire, Curtis ayant d'abord à mon sens voulu portraiturer des individus mal dans leur peau et entraînés dans des péripéties rocambolesques desquelles ils tireront (peut-être) quelques leçons existentielles.
Michael Douglas est remarquable en vénérable enseignant paumé et adepte des plans fumette, jouant sur tous les registres avec une facilité déconcertante. Il est secondé par un Tobey Maguire fidèle à lui-même : frêle, posé et malicieux.
Les rôles secondaires sont à la hauteur (Frances McDormand en amante sarcastique et volontaire ; Robert Downey Jr. en éditeur bisexuel déluré et matois, Michael Cavadias en travesti...) et complètent une galerie de personnages très attachants.
On pourra regretter la voix off, dispensable, une bande-son trop explicite (avec des paroles de chansons à textes soulignant maladroitement les situations) et une fin trop conventionnelle, mais pour le reste, et surtout l'essentiel (histoire, rythme, dialogues, jeu des acteurs), Wonder Boys est une comédie douce-amère jubilatoire.