Amusant de voir à quel point le cataclysme d'images que nous offre WW84 est raccord avec sa sortie chaotique (balancé sans prévenir sur HBO max bien que toujours prévu au ciné en France, quand bien même tout le monde l'aura déjà vu de manière plus ou moins légale).
Ainsi, là où le premier opus se la jouait plutôt sobre et classique, cette suite en prend le contre-pied en s'épanouissant dans une extravagance improbable qui se fiche pas mal d'être raccord avec un DCEU de toute manière ravagé de l'intérieur. WW84 se caractérise donc par une générosité, une envie d'en montrer, une ambition excessive qui aura bien du mal à trouver sa place même sur une plage de 2h30... et qui ira méchamment se fracasser la gueule dans ce qu'on imagine sans peine être une production chaotique. Le script étouffé d'intrigues inutiles, pour commencer, se paumera fort logiquement dans leur trop grand nombre, allant jusqu'à laisser inexpliqué certains éléments méritant pourtant qu'on s'y attarde (


la transformation définitive de Minerva en Cheetah, la Gold Armor qui sort véritablement de nul part


). A cela s'ajoute évidemment une pléthore d'incohérences grandes comme le monde et une envie de placer trop de trucs issus des comics, quitte à forcer leur incrustation dans le scénar qui n'en avait vraiment pas besoin (


le jet invisible, par ailleurs piloté par un mec n'ayant jamais touché d'avions plus modernes que ceux de la 1ère Guerre Mondiale, la Gold Armor toujours, que l'on verra finalement assez peu et qui ne sera jamais exploitée quand bien même une partie de la promo du film aura été faite dessus


). Un immense bordel donc qui prendra toute sa saveur lorsqu'on le saupoudra d'une mise en scène grossière et gorgée de mauvais goût, de dialogues d'une naïveté inepte (et assez marrante) et plus encore d'effets spéciaux très vilains. Incrustations ratées, CGI moches, bref la panoplie habituelle du super-héroïsme moderne mais qui brille ici un peu plus fort que chez les voisins, transformant chaque tentative de rendre un passage épique en un instant de gêne amusée. En fait tout ceci contribue à faire de WW84 une oeuvre définitivement marrante à regarder de par l'improbabilité du spectacle, un échec plus discret que Justice League dans ses implications et conséquences, mais néanmoins plus éclatant à l'écran qui contribue à rapprocher le film du nanar. Alors certes ce terme on l'utilise souvent à tort à travers dès lors qu'on fait face à un mauvais film, mais comprenez bien qu'ici je vous parle d'un blockbuster sorti fin 2020 dans lequel on trouve, et je ne puis retenir une larme de joie toute précieuse en écrivant ceci, dans lequel on trouve donc, un mannequin en plastique visible à l'écran. Jamais je n'aurais imaginé assister à pareil spectacle de mon vivant et j'en suis fort heureux. Un mannequin tout de rigidité, apparaissant comme ça en plein milieux d'une superproduction hollywoodienne moderne ayant coûté des centaines de millions de dollars. Ne serait-ce finalement pas cela la magie de Noël?*


*la conclusion quelque peu abrupte et aléatoire, ou en tout cas paraissant comme telle, de cette critique se veut en réalité un hommage élégant à l'épilogue de WW84 se déroulant effectivement à Noël. Un prologue des plus cocassement ridicules tant on le sent forcé et rajouté à l'arrache pour correspondre avec la nouvelle date de sortie du film (fin décembre donc).


PS: un bon point pour Pedro Pascal qui, s'il surjoue, porte le métrage à lui tout seul en y infusant son charisme et son enthousiasme


PPS: en vérité ce n'est pas une mais bien deux poupées de plastiques que l'on peut voir à l'écran, accrochée à une doublure cascade elle bien vivante

JetJaguarArmy
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le 27 déc. 2020

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