Je ne sais pas d'où sort ce sous-titre français ridicule "Quand les femmes s'en mêlent" visible en petit sur l'affiche, car quand le film est sorti en France en 1988, il s'appelait tout simplement Working girl, et je trouve que c'est bien mieux parce qu'il claque et qu'il définit bien la condition des secrétaires dépeintes dans l'intrigue.
Ce conte de fée à l'américaine est une comédie enlevée et pertinente qui donne du monde de l'entreprise (américaine surtout) une image réaliste avec ses codes et ses lois impitoyables, c'est bien rendu dans des thèmes adaptés aux motivations de son époque de réalisation (l'émancipation des femmes et des sans-grades, la glorification des battants), et ça doit l'être encore un peu aujourd'hui, on y célèbre en effet les gagneurs, les ambitieux, les effrontés, on y proclame l'arrivisme, mais c'est fait adroitement par Mike Nichols qui ratisse les clichés pour mieux s'en moquer, le trait est juste, un peu dans le style de Capra, mais en plus moderne et plus dur, c'est fait de façon alerte, dynamique et amusante.
L'héroïne incarnée par Melanie Griffith est très convaincante, assez loin des secrétaires fantasques vues dans Comment se débarrasser de son patron, elle donne de la secrétaire une image de femme intelligente, attachante, rayonnante et motivée qui mérite de réussir, tandis que Sigourney Weaver est la méchante de service dans son rôle de patronne intraitable qui veut que rien ne change ; entre les deux, il y a un Harrison Ford excellent dans un rôle de golden boy, sa seule tentative réussie d'aborder la comédie légère qui à l'époque cassait un peu son image d'aventurier. Ce trio d'acteurs formidables est parfaitement entouré par des gens comme Joan Cusack, Alec Baldwin, Oliver Platt ou Kevin Spacey dans des rôles secondaires. La comédie américaine se renouvelait avec brio.