Je ne sais même pas pourquoi je suis allé voir Wrong, on ne peut pas dire que je le sentais bien. J'ai sûrement été influencé par le bien qu'on dit de Dupieux et son côté décalé, bien qu'à chaque fois j'ai été déçu, jugeant ce qu'il fait surestimé. Il n'y a rien de génial dans Rubber, encore moins dans Nonfilm. Je crois qu'en voyant son dernier film en date, je m'étais dit que si le prochain ne me plaisait pas, je ne regarderai plus de film de Dupieux.
La projection de Wrong était précédée de Wrong cop, dont on n'a pu voir que la fin, étant donné qu'on ne nous a pas laissés entrer de suite.
J'ai cru que c'était le début de Wrong, et que ça partait mal. C'était trop absurde d'emblée.
L'image est volontairement terne, dans des tons gris ou marrons délavés, c'est filmé avec un appareil photo assurément et certaines zones sont surexposées. Comme dans Rubber. Comme dans Wrong, aussi, finalement, comme j'ai pu le constater ensuite. L'esthétique très morne du film permet quand même l'existence d'un plan qui m'a marqué par l'intrusion de couleurs, provenant d'un bouquet de fleurs, qui ressort bien dans l'image.
Et comme pour ce que j'ai vu de Wrong cop, on a le même problème concernant le caractère absurde de l'œuvre, dans Wrong.
Le film s'ouvre sur des plans d'un pompier qui chie devant un véhicule en feu. Il y a après cela de la musique inquiétante sans raisons, et des plans étranges, comme cette contre-plongée inexpliquée sur un contrechamp, alors que le champ est à hauteur d'œil.
Au début je me disais encore, surtout concernant les plans d'ouverture, qu'il y aurait une explication plus tard. Wrong.
L'absurdité et la bizarrerie, qui ne se manifestent que légèrement au début, se présentant sous formes de situations un peu décalées mais pas trop, juste assez pour déstabiliser, ne font qu'empirer, et ma consternation n'a fait qu'augmenter.
Le policier qui avoue faire semblant de poser une question, la pluie dans le bureau, le palmier transformé en sapin, ... Et le pire, selon moi : la vidéo récupérée dans la mémoire d'une crotte.
Quand j'avais vu Rubber, ce qui m'avait inquiété à partir de la séquence d'ouverture où un policier parlait de l'hommage au "no reason", c'est que ça se révèle être un prétexte pour faire n'importe quoi. Heureusement, pour moi Dupieux avait réussi à ne pas franchir la limite du tolérable. Dans Wrong, par contre, là il se permet de faire vraiment n'importe quoi, et abuse de son principe du "no reason". Dupieux semble n'avoir fait que balancer pleins d'idées weirds dans un seul et même scénario, de façon tout à fait gratuite, sans se soucier parfois de savoir comment ça allait se placer dans l'intrigue. Les histoires dans le film semblent d'ailleurs ne servir que des gags prônant le non-sens, certaines ne trouvant même pas de résolution (qu'arrive-t-il à Emma et le jardinier ? à quel moment dans la chronologie se place son enterrement ? était-il vraiment mort, est-il revenu à la vie, ... ?)
J'ai ri qu'à deux moments. Quand Emma dit qu'elle va quitter son mari (pourquoi ai-je ri en fait ?), et lorsqu'un homme peint une voiture en bleu. Quoique dans le second cas, j'ai dû être mis de meilleure humeur par l'autre gag juste avant.
Sinon, ça m'a saoulé. J'adhère pas au délire de Dupieux, il me fait pas rire.
Et le problème c'est qu'il a l'air de considérer ses gags, ou plutôt ses conneries absurdes (il faut bien les appeler comme ça, honnêtement) comme suffisamment bonnes pour les faire durer. Même ceux qui ont aimé le film, soit tous ceux qui étaient avec moi, ont jugé qu'il y avait un passage à vide.
Dupieux fait trop durer des séquences qui partent d'une petite idée à la con, ça en devient mou, ou alors il va plus loin en partant d'une idée absurde à la base ; dans tous les cas, ça m'a déplu qu'il fasse tout un plat de quelque chose que je ne jugeais déjà pas drôle au départ. Je pense à la séquence affreuse de la vidéo de la merde de chien, ou au fait que le héros doive voir sa boss concernant le fait qu'il vienne au travail alors qu'il est viré ; putain, c'est bon quoi, pas besoin de s'attarder sur ce gag insignifiant, surtout que la scène avec la boss n'apporte absolument rien en plus.
Le gag du réveil était sympa au départ, mais là aussi Dupieux abuse, il le fait revenir 3 fois dans le film...
Plus jamais. Plus jamais je ne vois un film de Dupieux. Je n'ai pas détesté celui-là non plus, pour cela il aurait fallu que, comme je l'ai craint en allant au ciné et en repensant à Rubber, que Dupieux soit devenu prétentieux (quoique, dans Wrong cop, il fait dire à un perso qu'il aime la musique entendue par un autre, qui est de Mr Oizo évidemment). Mais je ne veux plus en voir car je sens que je serai inévitablement déçu, que ce sera pas mon délire, etc. Une perte de temps pour moi, en bref.
Ah sinon William Fichtner est très bien dans son rôle, il a su se métamorphoser rien qu'en changeant son attitude et sa locution.
(Cannes 2012 #15)