Premier film de Quentin Dupieux, l'expat' multicasquette, qu'il m'ait été donné de voir. Hormis une bande annonce qui fleurait un humour décalé et subtil et les échos mitigés que j'avais pu avoir de Rubber, c'est neutre que j'abordais la séance. Dans l'ensemble je suis bon public, parfois même à la limite de la docilité, mais il y a un truc que je ne tolère pas: les films prétentieux. Dommage pour Wrong donc.

Alors je vais développer, car tout n'est pas à jeter. D'abord on peut saluer l'incongruité de plusieurs séquences qui font plaisir à voir, dans la fadeur ambiante de la plupart des productions cinématographiques américaines (indépendantes incluses). Prise indépendamment, ce sont de bons exemples de situations loufoques intéressantes à traiter dans un court-métrage étudiant. La scène du flic qui arrête Dolph est assez jouissive par exemple. Ou la patronne peroxidée qui fait passer des couleuvres énormes en déclenchant son sourire forcé. Ou le jardinier avec son atroce accent francais. Bref, pas mal de petites choses rigolotes malheureusement clairsemées dans l'heure et demi du métrage (ou déjà révélées par la BA), qui laisse une part royale au vide. Car mis a part ces scenettes éparses, Quentin Dupieux n'a rien à offrir, et déguise ces sketchs dans une non-histoire. L'absurde qui caractérise les situations devient alors l'alibi à l'incapacité du réalisateur à proposer un scénario.

Avant Wrong, je ne pensais pas que l'absence puisse être aussi palpable. Belle démonstration de Quentin Dupieux, qui grace à une fadeur d'image, de son, de dialogue, d'expression faciale et d'enchainements parvient à envelopper intégralement le spectateur dans une absence de sensation. Conséquence physiologique: le sommeil. Je me fais peut être vieux, jamais auparavant l'envie de m'assoupir ne me prennait au cinéma, mais sous les coups récents de Cosmopolis et Wrong je bascule dans la catégorie des ronfleurs. Alors que faire quand on a cruellement conscience des faiblesses de sa réalisation? Facile! La dénoncer! C'est ce que fait Quentin Dupieux avec cette communication téléphonique entre Dolph et Mike dans le désert. Petite incursion à peine dissimulée du réalisateur par la voir de Mike dans un dialogue à double-sens pour expliquer, à toute fin utile, que si on s'emmerde c'est voulu hein. Le bouclier "absurde" fonctionne à plein, une tactique imparable d'ailleurs largement usée par d'illustres prédécesseurs (tarantino en tête): "nous ne proposons rien, on le dit nous même pas la peine de nous en faire le reproche". Sauf que "rien", c'est justement ce qui reste dans mon porte-feuille quand j'ai payé pour voir ton "rien". Mais passons...

On en vient au coté poseur délétère de Wrong. Pas que je souhaite feindre l'innocence, restons honnête: ca puait le modeux à 100 bornes. D'ailleurs sans connaitre le pedigree du bonhomme. Mais je ne crois pas qu'on puisse sommer les références hipsters du film qui, tout-en-tachant-de-se-cacher-mais-pas-trop, transpirent de chaque plan, de chaque réplique, de chaque situation. L'humour même est un produit à destination de ce public stéréotypé. Un film absurde avec une cohérence tout de même, celle d'être à l'image du public qu'il vise: vide, sans substance, sans rien d'autre à offrir qu'une plastique tendance. Terrible reflet pour quiconque s'y retrouverait sincèrement. Honteux bessage de froc pour Dupieux dont le talent naissant mériterait sans doute mieux que de tapiner dans cette cour oiseuse.
Pimprenelle
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le 10 sept. 2012

Modifiée

le 10 sept. 2012

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Pimprenelle

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