Ni absurde, ni foutage de gueule.
L'élément le plus étrange de Wrong, c'est la sincérité et la franchise des personnages. C'est étonnant que les critiques n'en parlent pas, parce que ce sont le premier degré des dialogues, l'absence de mensonge et de faux semblants qui sont les sources du décalage du film, bien plus que les éléments fantastiques (le pin, la grossesse express) ou les détails incongrus (la flotte dans l'agence de voyage).
Ceux que les gens trouvent " absurdes ", ce sont simplement des personnages qui s'expriment de manière honnête, sans enrobage. Le flic qui attend le bus, pour finalement décider de ne pas monter à l'intérieur parce que la tête du chauffeur ne lui revient pas ne fait pas ça parce qu'il est un connard. Il est simplement franc. Même le discours de l'ancienne supérieure de Dolph, qu'elle accompagne pourtant de sourires crispés et hypocrites est franc. Seulement ce type de discours n'est pas courant et rend les séquences surréalistes.
On retrouve cette franchise, ce premier degré, à d'autres niveaux du film. Eric ne fait par exemple même pas d'effort pour cacher son vilain accent, tout comme il ne le force pas. Maître Chang dévoile dès le début du film le mystère autour de la disparition du chien, comme plus tard il en annonce le dénouement.
Si ce sont ces éléments qui m'ont le plus marqué, tout le film m'a énormément plu. Le soin maniaque apporté aux détails, la qualité de la photographie et des cadrages, la musique, le jeu des acteurs et la personnalité des personnages qu'ils incarnent, tout est réussi. Et tout indique que l'on est devant un véritable film réalisé avec soin et non pas un " foutage de gueule hipster ", comme voudraient nous le faire croire de biens tristes sires.