On sent très vite que Wrong est une œuvre de jeunesse de Quentin Dupieux. Les principaux ingrédients sont déjà là : l'absurde évidemment, qui déborde de chaque scène, les personnages délirants, le jeu avec le temps et l'espace, une histoire simple qui devient vite tentaculaire et invraisemblable. Et cette recette est diablement efficace, avec certains dialogues au dynamisme fou, des bons moments de rire et un acteur principal très (trop) crédible. Oui mais voilà. Là où on sent le plus la jeunesse du film, c'est dans son manque de subtilité, surtout en comparaison des films ultérieurs, et dans son absence d'atmosphère unique. Certains dialogues qui se veulent absurdes tombent vite à plat, avec des gags (le refus de reconnaître son hobby de course à pied, la pluie diluvienne dans le bureau) qui décrochent à peine un sourire. Les situations sont beaucoup trop grossières malgré l'inventivité sans pareille de Dupieux (fouiller dans la mémoire d'une crotte, vraiment ?). A part l'acteur principal, le jeu est trop brouillon, avec notamment Eric Judor encore trop dans le personnage de ses sketches et à l'accent français vraiment dégueulasse. Surtout, outre sa dimension comique évidente, le film a une aura dramatique très réussie, mais qui vient en fait gâcher le plaisir d'ensemble. La détresse de Paul, qui passe le film à chercher son chien disparu, est tout sauf absurde, elle est humaine et fait véritablement mal au cœur. A trop vouloir brosser d'émotions, Dupieux manque de peu sa cible. Film de jeunesse enfin, car le film est rempli d'idées foisonnantes, graines d'un style presque déjà achevé, promesses d'œuvres géniales à venir - et qui sont arrivées.