"Je suis un gogol" Quentin Dupieux, Sofilm #18
C'est comme ça qu'il se définit, en toute humilité.
Arnaque du siècle pour beaucoup, électron libre qui excelle dans le non-sens et l'absurde pour certains, Mr Oizo -pour les intimes- est tout cela à la fois.
Voir un de ses films, que l'on aime ou que l'on déteste, c'est la garantie de voir un autre cinéma, libre de ne pas donner d'explications, de tout raconter.
Un vrai luxe, à l'heure des prequels et autres remakes à n'en plus finir.
Systématiquement tout expliquer, tout rendre scientifiquement crédible, tout comprendre. Et l'imaginaire, la mythologie dans tout ça ?
Ici, un seul but concret et avoué: faire rire, oui oui. Pour le reste, les symboles, les interprétations, voire intellectualiser le propos, libre à vous de le faire, ou pas.
Une certitude demeure, malgré sa singularité et ses qualités de metteur en scène, Dupieux continue à tracer son sillon dans son coin, avec ses fidèles, sans aucun soutien des grands distributeurs, de Canal + à Arte.
Et sans devenir un yes men pour y arriver. Pour le moment.
Ah oui, Wrong Cops (qui est un assemblage de 6 courts-métrages) est une oeuvre mineure de sa filmo, un peu trop enfermée dans son univers pas si absurde que ça.
En effet, seuls les flics ont un pète au casque (et encore), le reste de l'univers étant carrément "normal".
On est bien loin de la folie furieuse et gore de Rubber (et de sa lumière fabuleuse), de l'absurdité jusqu'au boutiste de Wrong, ou du non-sens "accessible" et "cohérent" de Steak.
C'est pourtant ce qui me plaît le plus chez cet auteur, le renversement des valeurs et des repères, qui nous interroge sur ce qu'est la normalité. Si ce n'est la loi du plus grand nombre, d'après le chef d'oeuvre de Pierre Boule.
Mais bon, ce n'est que mon interprétation, parmi tant d'autres, ou peut-être qu'il n'y a aucune explication.
No Reason.
Reste quand même une BO toujours fabuleuse, au coeur du film, et une interprétation qui marque.
De l'imposant Mark Burnham, ce total inconnu qui joue le premier rôle, à un Marilyn Manson touchant, beaucoup de révélations, au milieu des habitués également au niveau (Eric Judor, et surtout sa moustache, l'une des stars du film).
L'écriture de l'univers étant un peu paresseuse, cette petite récréation reste un interlude amusant pour les fans, en attendant son prochain vrai projet, Réalité.
Tout un programme.