Un playdoyer sanguinolent pour l'euthanasie

En cette période d’Halloween, la sortie de X au cinéma est l’occasion de prolonger le plaisir de découvrir des films d’horreur sur grand écran. Pourtant, Ti West n'est pas un réalisateur que j’apprécie. The Sacrament fut une mauvaise expérience puis The House of the Devil m’a laissé de marbre. Mais comme pour Massacre à la tronçonneuse, qui m’avait profondément ennuyé sur le petit écran, avant que sa ressortie en salles ne le réhabilite à mes yeux, je me devais de le découvrir dans des conditions mieux adaptées à son atmosphère. Le parallèle entre ses deux cinéastes n’est pas anodin, X étant un hommage réussi de la part de Ti West à Tobe Hooper.


Au commencement


Nous sommes en 1979, Wayne Gilroy (Martin Henderson) est à la poursuite du rêve américain. Après diverses tentatives dans des investissements infructueux, il a décidé de se lancer dans la production de films pornographiques. Il a quitté sa femme pour la jeune et ambitieuse Maxine (Mia Goth), pour en faire une star comme Marilyn Chambers ou Linda Lovelace. Pour sa prochaine production, il emmène son équipe loin de la ville de Houston où les taxes sont trop imposantes pour son budget. Ils se retrouvent dans une ferme isolée du Texas appartenant à un couple de retraités.


Un film d’horreur érotique


Le premier plan nous laisse penser que le film est réalisé en super 8, avant qu’un travelling avant ouvre le cadre pour nous permettre de découvrir les voitures de police et les corps gisants sous des draps blancs ensanglantés devant une maison de campagne.


Cette scène se déroule 24h avant le massacre. Durant la séance, on va en découvrir les origines, faire connaissance avec les six personnes qui composent cette équipe, ainsi que le couple de retraités qui réside dans cette demeure puis de comprendre la réaction du shérif Dentler (James Gaylyn) lors de sa descente dans le sous-sol.


Le style de X est emprunté au cinéma des années 70, cela lui confère un aspect particulier proche de celui de son illustre aînée Massacre à la tronçonneuse, sans pour autant parvenir à en reproduire le côté poisseux et malsain. Le film se voulant plus léger avec son érotisme digne de David Hamilton où ses nymphes déambulent, comme Maxine dans les bois alentour, allant jusqu’à se baigner nue dans un étang isolé. Une attitude qui va susciter le désir et l’envie chez Pearl, ce qui va être le déclencheur du massacre à venir. Une violence évoquée au travers du poste de télévision, constamment en marche dans le salon du couple de retraités, par un prédicateur (Simon Prast), décrivant une société pervertie par le sexe, l’argent et la violence, qui est annonciatrice de l’avènement du Reaganisme.


Hommage à Tobe Hooper


Ti West s’inspire des œuvres de Tobe Hooper, de son classique Massacre à la tronçonneuse ainsi que de son film suivant Le crocodile de la mort. Ce sont deux œuvres du milieu des années 70, une période où les films d’horreurs étaient classés X comme les films pornographiques, tels les classiques Derrière la porte verte et Gorge profonde. X fait référence à ses œuvres avec son équipe d’acteurs.trices à la recherche de la célébrité, comme ne cesse de le clamer Maxine (Mia Goth), alors que le réalisateur RJ Nichols (Owen Campbell) caresse l’espoir d’en faire une œuvre digne des films plus classiques, en s’inspirant de la nouvelle vague.


De la famille de consanguins cannibales dégénérés de Leatherface, qui s’inspire en partie du tueur en série Ed Gein, on passe à un couple de retraités dont la libido insatisfaite de Pearl (Mia Goth), va les mener à déverser violemment leurs frustrations sur les jeunes hommes et femmes pleins de vigueurs, qui se retrouvent pris au piège entre leurs mains ridées.


Enfin bref…


X est un slasher efficace qui transpire le cinéma des années 70. Certes, le film n’est pas à la hauteur de sa réputation flatteuse, comme ce fut aussi le cas pour Barbarian, mais il donne envie de découvrir Pearl puis MaXXXine, du moins quand ils auront une date de sortie en France.

easy2fly
6
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le 13 nov. 2022

Critique lue 9 fois

Laurent Doe

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