« Mutation : It is the key to our evolution. » PROFESSOR CHARLES XAVIER

À la fin des années 1980, Stan Lee, scénariste et créateur des X-men, et Chris Claremont, dessinateur du comics pendant des années, approchent, James Cameron et le studio Carolco Pictures pour réaliser un film sur les super-héros marqués du X. Mais James Cameron est déjà occupé sur un autre projet : l'adaptation de Spider-Man (qui ne verra pas le jour). Les discussions tombent donc à l'eau, définitivement noyées à la suite de la faillite de Carolco Pictures en 1995.

Entre temps, Columbia Pictures se montre intéressé pour reprendre le projet, mais c'est pourtant véritablement le succès de la série d'animation X-men, produite par Avi Arad, le codirecteur de Marvel Entertainment, et diffusée sur Fox Kids qui pousse la 20th Century Fox à acquérir les droits d'exploitation cinématographique de l'univers des X-men.

La réalisation du film est proposée à Robert Rodriguez, qui décline l'offre. La 20th Century Fox contacte Bryan Singer, dans un premier temps, pour réaliser un quatrième opus de la saga Alien, mais le producteur (et ami de Singer) Tom DeSanto pense que le projet X-men est plus adapté à son style. Bryan Singer refuse d’abord l'offre, n'appréciant pas tellement les comics en général, puis après avoir refusé à deux reprises l'offre, il accepte finalement après avoir lu des comics et vu la série télévisée d'animation X-men de Avi Arad.

En décembre 1996, Bryan Singer est donc officiellement le réalisateur du film. Alors qu'une date de sortie pour Noël 1998 est fixée, Singer préfère se concentrer sur un autre projet : Apt Pupil qui sort finalement en octobre 1998. Bryan Singer et Tom DeSanto proposent ensuite à la Fox une histoire dans laquelle Charles Xavier et Magnéto sont respectivement comparés à Martin Luther King et Malcolm X. Ils font également de Malicia un personnage important car Singer trouve son pouvoir très symbolique. D'autres éléments renvoient à l'histoire des États-Unis comme le Sénateur Kelly traquant les mutants, comme autrefois Joseph McCarthy avec les communistes.

La 20th Century Fox supprime quelques morceaux de scénario trop onéreux et engagé David Hayter pour rendre une copie propre du script. Tom DeSanto et Bryan Singer sont seulement crédités comme auteurs de l'histoire de base.

X-men sort en l’an 2000 et amorce la mode des films de super-héros.

X-men a changé le paysage de l'industrie Hollywoodienne, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Depuis cette date fatidique de l'an de grâce 2000, pas une année s'écoule sans voir déferler une horde de super-héros dans nos salles obscures. Avec un énorme public évidement insatiable et peu regardant sur la qualité, la manne financière des grosses majors n'est pas près de s'éteindre, annonçant à chaque printemps et été, lors des gros week-ends de sortie des blockbuster, les suites et autres spin-off en préparation. Les producteurs américains tiennent donc une véritable recette miracle, basée sur de faible risque.

Se replonger dans ce contexte est important, pour réaliser à quel point ce film tient du miracle, malgré ses défauts. Le matériaux d'origine, les comics, ont été pris au sérieux. L'intrigue et le contexte ne part jamais en bouffonnerie, bénéficiant d'un traitement sobre et adulte.

La peur de la différence, permet de lier l'histoire des mutants à celle des Juifs, cette note d'intention est d'emblée imposée dans l'introduction. Aussi à celle des communistes aux États-Unis pendant les années 1950 (le Sénateur Kyle évoquant le maccarthysme comme dir plus haut). Également la question sur la recherche identitaire pendant l'adolescence, avec Malicia, la jeune fille a besoin de s'intégrer dans la société et le monde des adultes, d'où l'importance de l'institut, pour ce sociabiliser. Malgré ce traitement adulte et sombre, l'intrigue principale est simple, renvoyant au première année du comics, à savoir des histoires simples pour le jeune public.

Bryan Singer, inspiré, se permet d'excellents passages comme l'introduction dans un camp de concentration avec le jeune Magnéto séparé de ses parents en route vers la solution finale. Ainsi l'intrigue s'ancre dans le réalisme, pour ne pas tomber dans un coté fantastique.

L'univers du comics est ici présenté avec ingéniosité, le long-métrage permet de rassembler un casting avec de nombreux mutants. Du côté des X-mens se trouve le Professeur X, Tornade, Cyclope, Jean Grey et Malicia incarnés respectivement par Patrick Stewart, Halle Berry, James Marsden, Famke Janssen et Anna Paquin.

Celui qui marque la rétine, c’est Wolverine ! Le premier choix de Bryan Singer pour Wolverine était Russel Crowe, le comédien demande alors un salaire trop élevé. Le réalisateur se tourne vers Dougray Scott, mais doit finalement refuser pour le deuxième opus de la saga Mission Impossible. Trois semaines avant le début du tournage, le choix final se porte sur l'Australien, Hugh Jackman, quasi-inconnu du grand-public et énorme révélation.

Dans la confrérie des mutants, les antagonistes, se trouvent Magnéto, Mystique, Dent de Sabre et le Crapaud interprétés par Ian McKellen, Rebecca Romijn, Tyler Mane et Ray Park.

Si, pour la plupart, les personnages sont introduits de façon habiles, cette réussite, n'est pas totale. Le film souffre d'un problème souvent lié à ce genre particulier : La multiplicité des protagonistes, cela implique le sacrifice de certains : Cyclope et Tornade, important dans le comics, se révèlent au final sans relief. Quand à la némésis de Logan, Dents de Sabre, celui-ci est trop ridicule, voir idiot avec un look raté de métalleux, sans doute l'un des personnages le plus loupé de cette adaptation.

X-men est LE film fondateur du genre des adaptations de comics au cinéma. Il n'est pas le premier évidemment, et la Warner Bros. a connu de nombreux succès avant les années 2000 avec la licence DC Comics. Mais pour MARVEL, X-men marque (avec Blade), le départ de la grande cession des droits d'exploitations cinématographiques de ses personnages. X-men est un film pionnier. Fondateur du genre, il arrive également à être un film personnel porté par la vision de son réalisateur. Son histoire simple, son casting impeccable et sa belle maitrise technique en font une œuvre réussie.