Chromosome X.
Si l'on excepte les aventures cinématographiques de Batman et de Superman (tous les deux de chez DC), les super-héros peinaient encore à atteindre nos écrans de cinéma il y a à peine quinze ans...
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le 4 avr. 2014
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Il fut un temps où le cinéma blockbuster de super-héros était en chute libre. Malgré les réussites de Richard Donner et Tim Burton avec Superman et Batman, on était au plus bas, avec des œuvres comme Batman & Robin, Steel avec Shaquille O’Neal et Spawn. Est-ce que les comic books n’étaient que de la camelote avec effet spéciaux et gags à gogo? Pouvons-nous offrir un bon film d’aventure avec de la profondeur, de la réflexion et des personnages attachants à partir du médium des super-héros ? En 2000, arrive le film X-Men pour tenter de répondre à cette question, adapté de la bande dessinée paru en 1963 créée par Stan Lee et Jack Kirby.
Dans un futur proche, l’humain fait face à une nouvelle étape de l’évolution humaine, la mutation. Se manifestant durant l’adolescence, un peu comme la puberté, la mutation apporte de multiples changements aux corps des personnes atteintes, qui elles sont sujettes à une croissance de capacités surhumaines, voire animales. Que ce soit des yeux projetant des lasers, des griffes sortant des mains, la télékinésie, l’absorption d’énergie par le toucher, etc. Ce phénomène et sa propagation engendre la peur chez les êtres humains, menant ainsi de multiples jeunes mutants dans le doute et la peur.
Ainsi, deux camps sont créés, l’Institut Xavier ou l’École des X-Men, dirigés et éduqués par le professeur télépathe Charles Xavier. Celui-ci forme les mutants qu'il a réussi à repêcher, à utiliser leurs pouvoirs pour le bien et à vivre en paix avec eux-mêmes pour les mener à mieux affronter l’hostilité du monde extérieur. Ne pas laisser recourir à la violence et à l’impulsivité pour mener sa vie.
Puis il y a la Confrérie dirigée par Erik Lensheer/Magnéto, un survivant de l’Holocauste pouvant manier le métal qui, ne croyant plus en la bonne foi de l’homme, regroupe d’autres mutants perdus, qui eux rejettent une vie de paix, qui se sont égarés dans la voie de la peur, de la colère et la vengeance. Magnéto les dirige vers la domination et la supériorité, disant que la mutation est l’avenir, et que l’humain devrait payer pour les souffrances causées. Pas mourir, mais être asservi.
Au travers de ça, il y a des débats politiques chez les humains, des lois voulant se mettre en place, tout cela pendant que des mutants veulent tout simplement vivre en paix…
Le film est majoritairement raconté avec la perspective de deux mutants, des âmes perdues fuyant leur propre identité. Marie, alias Malicia, qui elle ne peut toucher personne sans absorber son énergie vitale, et Logan, alias Wolverine, un mutant possédant des griffes de métal dans les mains et la capacité de se régénérer et qui vit hanté par ses souvenirs et perdu dans son présent. C’est avec eux, leur naïveté qu’on va découvrir premièrement, les préjudices, la discrimination ainsi que la paranoïa de l’être humain envers les mutants. Les politiciens démontrant leur peur de façon plus… diplomatique, particulièrement avec la mise en place d’une loi pour l'identification et l'enfermement des mutants, et n’importe qui d’autre, la montre à coups de poing ou avec les flingues.
Et deuxièmement, mais c’est avec eux qu’on explore aussi les deux camps de mutants, les X-Men et la Confrérie, parmi lesquels ils découvriront des amis, des gens qui veulent les aider ou se servir d’eux, mais surtout, se découvrir eux-mêmes, quoi faire de leur vie de mutant dans un monde qui est un peu en guerre avec tout le monde.
Parmi les personnages qu’on rencontre, il y a Cyclope, qui envoie des lasers par ses yeux le forçant à porter des lunettes spéciales, rappelant les personnes déficientes de la vue, sa compagne Jean Grey, qui est télékinétique et télépathe, Tornade, une femme noire pouvant contrôler le vent et la foudre, et dans la Confrérie il y a Mystique, une femme aux écailles bleues pouvant changer complètement d’apparence, même carrément changer de sexe et de genre, Dents-de-Sabre, un homme animal, un peu l’équivalent de Wolverine s’il avait mal tourné, et Crapaud, un malformé qui, comme son nom le dit, a les capacités de saut haut et une très longue et puissante langue.
Comme on peut le constater, pour un film tiré d’une bande dessinée, il est très concentré sur ses personnages, leurs différences et pouvoirs, et comment ils composent l’histoire. Le but primaire du film est non seulement de raconter une histoire du bien contre le mal, mais aussi de donner une âme à ces personnages qui furent pendant longtemps sur papier, personnages qui viennent poser des questions très humaines et naturelles chez les personnes différentes : Pourquoi suis-je différent ? Quels sont ces changements qui m'arrivent ? Qui suis-je ? C’est avec ces thématiques que le film arrive à donner une compréhension et une raison d’être à chacun des personnages, que ce soit les X-Men et leurs actions plus bienveillantes, ou la Confrérie de Magnéto et leurs actes plutôt réactionnaires. Parce que c’est qui le méchant en réalité ? Celui qui a formé un camp contre les humains ? Eux qui ont leurs lois appliquées par peur ? Ou nous-mêmes qui n’acceptons pas notre propre corps ? Un peu comme un jeu d’échec, chacun doit faire ses propres déplacements, et a son rôle à jouer pour son espèce, soi-même et aussi son leader.
Comment peut-on utiliser sa différence, notre spécialité, nos pouvoirs, pour parvenir à nos fins, comment même se surpasser, que ce soit en bien ou en mal. Comment être un héros ? Les pouvoirs de chacun viennent bien faire l’identité de chaque personnage, mais cela est plus un complément, vu que c’est avec leur âme qu’ils décident de leur avenir, de qui ils sont et de ce qu’ils font avec leurs dons. Ces aptitudes sont utilisées avec minutie, jamais gratuitement et dans le but de complimenter l’histoire, l’action, et la mise en scène qui elle est à la fois très posée et très dynamique, colorée et ne manque pas de créativité pour accompagner la perte de repaire de nos personnages, l’impression de voir un avenir sans lumières, la peur des humains, la solitude des uns et des autres, et surtout la tension que l’on ressent de l’action où du mouvement de la caméra est à la fois immobile et prévoyant. Les enjeux sont importants dans chaque scène, avec un sentiment sous-jacent de suspense.
La musique de Michael Kamen est un peu, comment dire, un peu douillette, mais ne manque pas non plus de dynamisme quand il le faut. On a droit à une musique riche en atmosphère, qui sait planter un décor surréaliste et une ambiance psychologique d'une complexité assez intéressante, utilisant la techno et les cordes de manière assez intéressante. Ça fait bien l’affaire, on n’est pas dans du bruit de remplissage, mais dans l’ensemble, on dirait un peu une version légèrement inférieure de la musique pleine de suspense des films Die Hard, également de Kamen.
Bien sûr, il n’y a pas d’histoire si on n’a pas d’acteurs de talents. Eh bien là, on a Hugh Jackman qui, comme on le sait maintenant, se débarrasse de son image de comédie musicale pour donner un Wolverine très violent et animal mais pas dévoué de sympathie et de cœur. Et qui de mieux pour joueur les leaders des deux camps que Patrick Stewart pour le professeur Xavier et Ian McKellen pour Magnéto, des acteurs qui apportent vraiment une touche à la fois mélancolique et shakespearienne sans oublier d’ironie qui les rend particulièrement humain, surtout Magnéto qui est plus un antihéros qu’un méchant. Anna Paquin (True Blood), elle fait un excellent travail pour jouer une jeune Mallicia confuse, essayant de trouver un foyer. Hélas, on peut remarquer qu’à cause du nombre de personnages, ils n’ont pas tous la même attention l’un comme l’autre, certains passant plus au second plan, mais chacun est interprété avec brio par leurs acteurs, capables de donner vie à leur côté humain et animal.
Au final, X-Men, même s’il est majoritairement un film d’action et qu’on n’est pas dans le psychologique intérieur, au moins ce n’est pas juste une simple histoire pour s’entraîner et puis battre le méchant. Tout est fait, et réfléchi pour l’avenir de leur espèce mutante et aussi des humains. Un peu comme un jeu d’échec, chacun doit faire ses propres déplacements et a son rôle à jouer pour la protection de son espèce, de soi-même et de son professeur.
Malgré les effets spéciaux et quelques aspects pouvant paraître quelque peu datés et austères, ce film tient encore la route. Et c’est vraiment grâce à son écriture et son traitement des personnages qu’il a engendré une franchise, dans laquelle il y a du bon comme du mauvais, et qui s’arrêtera en 2017 (Oui, en 2017 avec Logan !), ainsi que le genre du film de super-héros.
Même 20 ans après sa sortie, X-Men offre de bonnes réflexions, crée un monde politique et vraisemblable autour d’eux, alimenté d’une mise en scène stable mais alléchante et donne vie à ses personnages rejetés, qui en fait, veulent exactement la même chose : La liberté et l’égalité entre… races. Qui sont juste des gens humains qui se trouvent à disposer de pouvoirs spéciaux, avec des défauts et des forces, qui s’avèrent à avoir des super-pouvoirs.
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le 28 août 2024
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