Fausses divinités
Avec Apocalypse, Singer décide d’invoquer Apocalypse (tout simplement), de retour dans notre monde après plusieurs siècles d’hibernation, et prêt à en découdre avec l’aide de ses cavaliers, qu’il...
le 18 mai 2016
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Lancée par Bryan Singer en 2000, X-men a toujours été une licence quelque peu chaotique oscillant entre le très bon (X-men, X-men 2, Fist Class, Days of futur Past) et le très mauvais (X-men 3 et les spin off de Wolverine). J'avais cependant pas mal d'espoir pour cet opus, puisque Bryan Singer était à nouveau aux commandes et avait marqué son retour par le fracassant Days of Futur Past, qui bien que loin d'être parfait, enterrait la plupart des productions marvel sorties la même année. D'autant que jusqu'à présent Singer n'avait pas encore fait de faux pas. Malheureusement un faux pas, il en commet un fameux avec ce sixième opus, qui sonne clairement comme l'opus de trop. Le troisième opus est souvent le moins bon d'une trilogie,. Quand on pense à X-men 3, on ne peut qu'approuver malheureusement X-Men Apocalypse n'échappe pas non plus à la règle.
Un grand sentiment de vide parcourt le film, car Singer réutilise une recette qui marchait certes autrefois, mais qui perd de son intensité, à force d'avoir été exploité à toute les sauces. Les thématiques, les messages d'acceptation, les doutes, la tolérance, les luttes idéologiques entre Xavier et Magnéto directement inspirées par Martin Luther King et Malcom X, les méchants mutants belliqueux ivres de pouvoirs, une humanité effrayée parce qu'elle ne comprend pas, les séquelles de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide, les messages d'espoir. Tout cela a déjà été exploité en long et en large et force est de constater que la magie ne prend plus. Trop ancré dans son succès, Singer ne prend ici aucun risque et ne propose aucun souffle épique réel, ni même nouvelle réflexion. Il n'y a plus rien à se mettre sous la dent. Les discours sur l'acceptation ou la nécessité de marcher ensemble main dans la mains, qui étaient si touchant autrefois, finissent par devenir quelque naifs voir désuets. Le manque d'originalité de l'ensemble se fait même ressentir dans le fan service omniprésent , trop peu discret.
-Les fans ont adoré vif argent ? Et bien on rajoute une nouvelle scène encore plus démesurée, qui à elle seule, illustre bien le piège dans lequel sont prit les blockbusters, toujours décidé à faire encore plus forts, plus impressionnant, plus épique.
-Les fans ont adorés Wolverine découper du militaire à la chaine ? Et bien on nous remet un caméo de Wolverine en mode arme x. Alors certes, en tant que fan de Wolverine depuis mes 5 ans, je ne peux cacher un certains plaisir coupable à voir le canadien grifffu se déchaîner ainsi, le tout rendant hommage aux origines de Wolverine. Mais objectivement cette scène n'a en réalité aucune utilité réelle, tout comme l'épisode avec Stryker plus que dispensable, placé là pour ralentir l'intrigue.
-Les fans adorent voir Magnéto distordent la moindre parcelle de métal autours de lui ? Et bien on en remet une couche. On n'arrête plus le progrès.
Ce fan service ne fait finalement pas oublier le gros problème de la licence, à savoir sa continuité cauchemardesque. Singer s'est lui même tiré une balle dans le pied avec la fin de Days of Futur Past, se déroulant dans le futur. Nous avions avec cette scène l'assurance, qu'aucun personnage important ne mourait et que les X-men se reformeront . De ce fait, le film perd immédiatement en enjeux, car le sort d'Apocalypse est limpide depuis le départ. Ce qui sonnait comme un combat cauchemardesque contre une entité quasiment divine susceptible de bouleverser le monde significativement n'est en réalité qu'une enième lutte à huis clos contre un enième méchant surpuissant, désireux de s'en prendre à l'humanité. Il s'agit là de la même forumule utilisé depuis X-men 1 mais ici appliqué sans génie, ni rigueur.
Au final, les crises existentielles des personnages, les revirements, les changements d'allégeances, l'idéologie d'Apocalypse, tout cela n'est en réalité qu'un prétexte pour mettre en place une bataille finale contre le méchant pas beau, où chaque péripétie est prévisible, du retournement de Magnéto et Tornade, jusqu'au déferlement du Phénix. En outre, les CGIs sont parfois franchement kitchs, certes Days of Futur Past ne lésinait pas non plus sur les couleurs fluo mais ici les effets finissent réellement par chatouiller la rétine. Le duel mental qui opposait Xavier et Apocalypse qui semblait si prometteur dans les trailers est en réalité bien moche et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Les scènes d'actions ne sont cependant pas complètement à vomir. A l'inverse d'un Snyder, Singer n'abuse pas des zooms et des dézooms et contrairement aux Russo il est tout de même apte à tenir une caméra. Mais l'ensemble manque réellement d'intensité. C'est finalement dans les moments qui se veulent spectaculaires que Singer parvient à nous faire croire au film. Magnéto qui détruit Auschwitz, Apocalypse qui désarmait l'armement nucléaire de toutes les superpuissances ça c'était fort. Tant au niveau de l'atmosphère dantesque qui s'en dégageait qu'au niveau du symbolisme. Mais il ne s'agit là que de quelque scènes qui ne compense pas un scénario paresseux et recyclé qui se repose trop sur ces lauriers. De plus, l'écriture des personnages qui étaient pourtant l'un des atouts de la saga fait ici peine à voir. La faute à un jeune casting peu charismatique, une mystique encore trop mit en avant et des personnages survolés ou exploité n'importe comment :
Quant à la star du film En Sabba Nurr, il s'agit sans doute de la plus grosse déception du film. J'avais plutôt bien apprécié la scène d'ouverture mais qui ressemblait un peu trop à Gods of egypt, ainsi que la volonté de le présenté comme un être divin, qui se réveille dans un monde ou les faibles ont reprit le pouvoir. D'autant qu'Oscar Isaac se donnait à fond. Malheureusement son désign est immonde faisant penser à un méchant de Power Rangers (ce qu'il est un peu finalement), certaines scènes sont nanardesques (comme lorsqu'il débarque devant Magnéto) et tout son idéologie Darwiniste passe à la trappe. Il est vrai, qu'à leur décharge Apocalypse est un personnage dur à adapter, ils ont même fait l'impasse sur le coté High Tech et les célestes. Cela dit, on ne se retrouve finalement qu'avec un enième méchant pas beau, voulant conquérir et purger le monde et atteint d'un complexe divin. Son idéologie sur la survie des plus forts passent même complètement à la trappe. (Non parce qu'avec son plan géniale, il allait tuer tout le monde, les forts inclus). C'est presque aussi misérable qu'avec Ultron. On remarquera d'ailleurs que Nietzsche est toujours le méchant dans cette histoire. Sa négation des valeurs, du bien du mal vaincu par le puritanisme américain de Captain América, et sa doctrine sur la nécessité des forts, des surhommes de s'élever écrasé par l'union fait la force. Au final, Apo est tout simplement écrasé par une jeune mutante qui s'avère sans explication préalable bien plus puissante que lui tout d'un coup. Ses dernières paroles, ou il réalise qu'il n'est finalement pas un Dieu, ni même l'Apocalypse et que sa vie n'est qu'un mensonge étant écrasé par une véritable entité supérieur est peut être même le seul moment de grandeur du personnage. Dommage que dans les faits, la scène soit aussi téléphonée et mal amenée.
En soi, ce film me peine car c'est de loin celui pour lequel j'avais le plus d'attente. Là ou je n'attendais rien d'un Civil War ou d'un Batman V Superman, j'espérais réellement voir Singer conclure en beauté sa prestation sur la saga. Malheureusement ça sonne bien plus comme un X-men 3.
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Créée
le 11 juin 2016
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