Fausses divinités
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le 18 mai 2016
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Bryan Singer, un nom qui rassure quand on s'apprête à voir un X-Men et une fois encore, il ne déçoit pas, ou du moins, pas totalement.
Car si on peut accorder à Singer de remplir son cahier des charges, on lui reprochera (je lui reprocherai) de rester dans sa zone de confort avec ce dernier volet.
Sortir Apocalypse face à des X-Men non-entrainés et tout au plus désorganisés, ça piquait déjà la curiosité des lecteurs de comics car Apocalypse, comme son nom l'indique, n'est pas là pour enfiler des perles et c'est plus le genre d'entité quasi divine qu'on s'attend à voir dans une saga avec des héros au sommet de leur art.
Nous assistons dans le premier tiers à la préparation des équipes, d'un côté, Scott entre à l'école et fait la connaissance de Jean (prononcez Gin sinon ça ne marche pas), Diablo est de la partie et Raven prend ses responsabilités malgré son apparente indifférence pour son image de modèle;
de l'autre côté, Apocalypse prend sous son aile Angel en lui tunant un peu les appendices, Storm en ado rebelle au mohawk impressionnant et Psylocke en bodyguard de luxe.
A ces trois cavaliers viendront se greffer Magneto, habilement recruté au moment de sa vie où Lensherr est le plus vulnérable et influençable, ayant tout perdu tant matériellement qu'idéologiquement.
Tout cela marche très bien, le jeune Scott est crédible mais je ne peux m'empêcher de voir par moment Sansa Stark à la place de Jean, ce que je mets sur le compte d'un éventail de rôles encore trop réduit pour lui permettre d'explorer toute sa palette d'émotions.
Fassbender est magistral et relève parfois à lui seul des scènes qui en ont bien eu besoin, sa prestation seule me fait mettre 7 au lieu de 6.
Isaac est à l'aise avec Apocalypse et fait aussi très bien sa part, de l'incompréhension face à la modernité à la prise de conscience que rien n'a changé et que c'est à lui de remettre de l'ordre, le personnage passe.
L'incompréhension face à la modernité, parlons-en, est un parti pris intéressant qui aura peut-être fait hurler les puristes car dans le comics, Apocalypse a déjà eu affaire à technologie bien plus avancée que nos téléviseurs et voitures à essence. Sans entrer dans le détail, il accède à une des technologies les plus avancées de l'univers Marvel en accédant à un vaisseau des Celestials (les entités divines immenses dont la tête tranchée sert de musée au collectionneur dans Les Gardiens de la Galaxie)
Et je ne cite pas Les Gardiens de la Galaxie sans arrière-pensée car je pense que c'est en partie à cause des droits cédés à Fox par Marvel sur l'univers X-Men que celui-ci se trouve coupé de tous liens avec le reste du MCU. Du coup, obligé de modifier la genèse d'Apocalypse et rien de mieux pour ça que de ne pas en parler et de commencer le film où il est le pharaon en place et en possession de tous ses pouvoirs.
Une fois Apocalypse décidé à mettre un peu d'ordre dans ce monde décadent, le film part dans deux directions différentes selon le point de vue.
Esthétiquement, c'est magnifique, les effets spéciaux font honneur aux pouvoir des mutants, Magneto manipule le métal de la terre dans des plans somptueux, le sable si cher à Apocalypse est superbe et le phénix de Jean est splendide.
La scène fan service de QuickSilver est un cas d'école d'effets spéciaux mais un peu embarassante car elle arrive comme un coup de coude maladroit de Singer au public "he, he, vous avez aimé la première fois, vous avez vu, j'en remets une, wink wink, et encore mieux !".
La bataille mentale entre Xavier et En Sabah Nur est très bien filmée et permet de sentir si besoin l'était encore de la supériorité incontestable des pouvoirs d'Apocalypse sur le désormais chauve Xavier.
Scénaristiquement, malheureusement, le film perd pied et tout cette construction ne servira à rien.
Storm lancera quelques éclairs avant de retourner sa veste, Psylocke donnera quelques coups de lame Psy avant de littéralement marcher hors du film, Angel n'utilisera ses ailes de métal que pour se libérer de sa prison improvisée et Magneto changera de camp après un discours bref et trop convenu de Raven. Espérons que la manière dont il regarde QuickSilver après qu'elle ait mentionné sa famille est plus qu'un hasard et contribue à son revirement.
Au final donc, les cavaliers sont sous-exploités et totalement oubliables hormis Magneto, les trois autres n'ont rien apporté à l'histoire et ne modifient en rien la direction que veut prendre le film.
Pour en venir à la victoire de Jean sur Apocalypse, c'est également une grosse grosse liberté avec le matériau d'origine qui sous-entend ici que le Phénix est déjà à l'intérieur de Jean, voire que c'est une manifestation de son pouvoir et non une entité consciente séparée qui dort en elle.
C'est à mon avis dommage car ça la hisse d'ores et déjà tout en haut de la chaine alimentaire mutante et il va falloir aller chercher très loin pour mettre sur leur chemin une entité qu'elle ne pourra pas balayer aussi facilement qu'elle s'est débarrassée d'En Sabah Nur.
En aparté, si vous cherchez Jubilee, ce qui est compréhensible car sa présence avait été confirmée dans le film et assez bien hypée par les commerciaux, on la voit 5 secondes, on ne donne pas son nom, elle n'utilise pas ses pouvoirs et elle parle moins que Stan Lee dans Civil War.
En conclusion, X-Men Apocalypse est un très bon film de divertissement, il est visuellement époustouflant et possède quelques fulgurances.
Il possède un très bon premier tiers pour mettre des choses en place et essayer d'être compréhensible dans sa suite et possède globalement un humour qui fonctionne quand il s'y risque.
Malheureusement, un scénario fini à la pisse vient ternir ce qui partait pourtant très bien et réduit ce film à un énième "gentil contre méchant pour sauver le monde".
Fassbender est inspiré et prend son pied quand il joue Magneto, il vaut à lui seul le déplacement en salle, Turner doit confirmer qu'elle sait faire davantage avec son visage qu'avoir l'air perdue et Singer doit vraiment réapprendre à valoriser et étoffer ses seconds rôles car la licence X-Men en regorge, tout ne pourra pas éternellement reposer sur Xavier, Erik et Raven.
Créée
le 1 juin 2016
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