J'ai hésité à mettre 8 à ce film. Tout d'abord, je dois avouer être un grand fan du film X-men : First Class (ou le commencement en français) et celui-ci est en comparaison une déception !
Pour ma critique du premier, c'est par ici : http://www.senscritique.com/film/X_Men_Le_Commencement/critique/17640371
Pourquoi fait-il ainsi pâle figure face au premier opus ?
Alors que le premier opus se centrait sur la relation conflictuelle de deux personnages opposés par leur vision du monde différente et néanmoins amis, le professeur X et Magneto celui-ci fait graviter le duo autour du personnage de Wolverine. J'aime bien ce héros et Hugh Jackman, mais c'est un personnage dont les relations avec les autres sont trop simples pour être vraiment intéressantes. Cette relation intéressante et complexe entre le professeur et Magneto enrichissait l'univers des X-mens, et les interprétations de McAvoy et Fassbender ajoutaient davantage encore d'intensité quant à leur personnalité. Une belle alchimie naissait bien que le second tendait à éclipser le premier. Cette ambition d'approfondir certains personnages et certaines relations n'est pas totalement évacué dans cet épisode. Il s'intéresse à la désillusion et à la déprime de Charles Xavier s'étant senti trahi et abandonné à la fois par Magneto mais aussi par Raven. Mais j'ai trouvé cet aspect-là un peu faiblard. Traité solidement, c'est quand même un film réussi, il n'en est pas moins peu original ! Quant aux personnages entre eux ici, c'est avant tout l'inversion des rôles dans la relation Wolverine/Professeur X qui est abordé. Alors que le premier représentait une figure de sagesse auparavant contrastant avec l'impulsivité et les tourments de Logan, c'est maintenant Charles qui est en proie à ses démons intérieurs. Cela aurait pu être très intéressant, d'étudier comment l'homme aux griffes d'acier doit endosser un rôle qui ne lui est pas si naturel, bien que l'on est déjà vu qu'il pouvait servir de modèle et de mentor à de jeunes mutants. Mais ce n'est pas le cas ici, cette nécessité est mentionné, mais on ne voit aucune évolution, elle ne donne aucun sel à la relation. Pire, c'est finalement le professeur X lui même qui jouera un rôle décisif pour sa jeune version.
Petite déception aussi, on aurait aimé voir se confronter directement les versions assagis de ces meneurs de mutants et leur "ancêtre". Une seule scène limitée à Charles nous en donnera l'occasion.
Seule la relation entre Eric et Xavier sera vraiment intéressante, notamment lors d'une scène à bord d'un avion. Mais quel dommage qu'elle ne soit pas centrale dans ce film car on retrouve alors le plaisir du premier opus.
Si un certain nombre de super-héros faisant partie de l'équipe montée dans le premier épisode n'y était pas traité en profondeur, la création de l'équipe permettait de nous les présentait de manière assez sympathique. Ici pour l'intrigue se déroulant dans l'univers post-apocalyptique, nous n'avons pas cette chance. Un début in Media res nous les intègre dans une scène d'action, et nous ne les reverrons quasiment que lors de scènes du genre. On ne s'attache donc pas à eux, pour les nouveaux qu'on connaîtrait mal, on en sait très peu. Cette partie semble donc assez vaine selon moi.
Mais on retrouve par contre un nouveau personnage qui lui a le droit au traitement de ces prédécesseurs, Vif-Argent (censé être le fils de Magnéto, ici rien ne semble l'indiquer). Lui a droit à une petite scène d'introduction sympathique, et à une scène d'action SUPERBEMENT réalisée et mise en scène. L'un des meilleurs moments du films selon moi ! Quel dommage là encore qu'il disparaisse très rapidement de l'intrigue.
Le personnage de Magnéto était aussi bien plus développé avant, bien plus sympathique, on avait tendance même selon moi à prendre son parti. Si ici, dans le fond, ces idées sont les mêmes, il apparaît bien moins tourmenté, moins complexe, moins intense.
Mais si le premier épisode me plaisait autant, c'est qu'il savait mêler à merveille la petite histoire et la grande Histoire. Que ce soit les camps de concentration qui ont marqué l'enfance de Magneto, ou la guerre froide et la crise des missiles à Cuba, ces choix n'étaient pas anodin. Il ne s'agit pas seulement de lier les deux, ces périodes historiques révélaient des aspects de personnage. La peur de Magneto de l'humanité incapable d'accepter des différences et ayant la propension à massacrer ceux qui les effrayaient se voyait intensifiée, justifiée par ce traitement. Les deux visions présentées par Magneto et le Professeur X découlaient d'un constat de la réalité. La guerre froide permettait d'accentuer la tension entre mutant et non-mutant, la peur régnante d'une guerre, à l'image de ce monde en perpétuelle crainte d'une troisième guerre mondiale, opposant les soviétiques et l'occident. Un climat donc de tension maximal qui ne pouvait qu'exacerber les tensions entre mutants et humains. On retrouve dans cet opus l'intégration de l'intrigue dans une période historique révolue : les années 70, cette fois. Mais le choix est ici anodin, il n'ajoute pas du sens à l'intrigue. IL aurait été possible de le faire pourtant. L'assassinat de Kennedy est mentionné par exemple, on voit Nixon en tant que Président, mais ce ne sont que des pieds de nez. "Tiens regardez, on a inventé un lien historique entre les x-mens et les faits marquants de l'Histoire". Oui bon, ok, c'est rapidement amusant mais.... Il y avait pourtant de quoi développer sur l'assassinat de Kennedy, ou sur les écoutes illégales de Nixon, le fameux WaterGate. Ces événements auraient permis de développer un état de tension, et de méfiance justifiant là encore l'opposition entre Charles et Erik. Cette histoire de voyage dans le temps, avec un univers post-apocalyptique crédible mais peu développé, vient pour moi vraiment entravé l'essence du premier opus et ce lien avec l'Histoire.
Je regrette vraiment que cet épisode soit sous la houlette de Brian Singer et non Matthew Vaughn. Cette nouvelle trilogie était bien partie pour avoir sa propre personnalité, son intérêt particulier. Mais Brian Singer reprend des éléments du premier, en leur faisant perdre leur essence. Traduit aussi cela, sa volonté de lier sa première trilogie à l'univers de celle-ci. Ainsi on retrouve nos acteurs d'antan le temps de quelques scènes, Jean Gray... Si pour certains cela était un véritable plus, notamment les version âgées de Magneto et de Charles Xavier, si la présence d'un Wolverine par nécessite intemporelle pouvaient donner un véritable plus. Les autres entravent surtout cette trilogie. Il y a une volonté de vouloir les placer dans le même univers, c'est dommage, surtout que cela n'est pas possible. Trop d'incohérences séparent ces deux univers, sans oublier la personnalité même des deux séries de films. Alors oui, Brian Singer essaie ingénieusement de justifier par l'intrigue, les différences avec sa première trilogie. Notamment le troisième épisode de sa trilogie n'existe plus. IL n'en est pas moins vrai que celui-ci racontait comment Charles Xavier perdit l'usage de ses jambes, une explication qui diverge totalement de celle de X-men First class, la rencontre même des deux hommes n'est pas la même...
Le réalisateur craignait-il de voir sa trilogie devenir totalement obsolète à cause de cette nouvelle formule et voulu lier intrinsèquement leur destin ? Peut-être, malheureusement. J'aurai personnellement préféré que celle-ci se centrent vraiment sur le passé, la jeunesse des meneurs et une autre génération de héros.
Le seul avantage de cette idée, c'est qu'il permet d'imaginer un reprise/reboot de la première trilogie dont le dernier épisode, très décrié (personnellement je ne le trouve pas spécialement en-dessous de ces prédécesseurs), en ouvrant de possibles intrigues. La mort de Jean Gray, du professeur X..., dans X-Men : L'affrontement finale, sonnaient comme le point d'orgue de leurs aventures.
Bon, toute cette critique s'attarde beaucoup sur les défauts du film. Mais il me semblait important de montrer ce qu'il différencie du premier. Il ne faudrait pourtant pas oublier, que malgré tout, il a de nombreuses qualités, qu'il tient du premier, une intrigue suffisamment solide, des incarnation très sympathiques, un rythme prenant.... C'est un film donc à la structure réussie, mais une structure dont les enjeux psychologiques sont bien moindres. Mais il reste ces moments émouvants où le jeune Eric et Charles se confrontent. On y voit le fossé qui les sépare, et le déchirement que ressentent ainsi ces deux héros. Et puis il y a quand même cette magnifique scène déjà mentionnée avec Vif-Argent, qui franchement est peut-être la mieux réalisée de tous les films X-mens, à voir au cinéma sur grand écran avec une bonne qualité sonore !
PS : Le fait que je n'ai rien ou pas grand chose à dire sur Peter Dinkage (Tyrion dans GoT), Ian Mckellen ou Patrick Stewart, trois acteurs que j'adore vraiment, est pour moi symptomatique du grand potentiel inexploité de cet opus.