Because the future is dark, and full of terror.
Par où commencer ? Le plus compliqué lorsque l'on parle d'une saga cinématographique, c'est de ne pas tomber dans la redondance. Nous en sommes à déjà sept films sur l'univers "X-Men", en comptant les spin-off de Wolverine, et Bryan Singer reprend les commandes. Rien ne pouvait préparer les fans de la saga à ce qu'ils allaient voir dans ce film...
"X-Men : Days of Futur Past" aurait pu partir dans tous les sens, être complexe, presque bordélique, pourtant force est de constater qu'il y a eu un travail titanesque sur l'écriture de ce nouveau volet. Un film qui parvient d'ailleurs à effacer les incohérences du troisième volet ("L'affrontement final"), c'est déjà un bon point à lui accorder car la tâche n'était pas simple !
La principale qualité du film c'est qu'il est réalisé par un homme d'une générosité monstrueuse, et ce autant pour les mordus des comics que pour les spectateurs qui apprécient seulement la saga au cinéma (dont je fais parti). Jonglant habilement entre le fan-service et la justesse d'écriture, Singer livre ici un blockbuster fort et poignant, armée d'une vraie profondeur et d'une ambition folle. Il remet ici au goût du jour les premiers grands thèmes qui ont permis à "X-Men" de se démarquer des autres films de super-héros, à savoir l'émancipation, la lutte contre la discrimination et le pouvoir d'une minorité sur une société. A côté de cela, il met aussi en scène un film aux scènes d'action intenses, jamais dans la surenchère visuelle et cohérentes. Du bon vieux générique qui nous rend tout de suite nostalgique, accompagné de la musique remixée du premier film sorti en 2000, Singer donne aussi la part belle à la dimension dramatique, à travers ces personnages qui sont devenus familiers.
L'univers des "X-Men" est ici développé avec beaucoup de soin, l'écriture du film permet d'en faire ressortir tous les contrastes. Ainsi lorsque les enjeux se mettent en place, une tension s'insinue également et donne de la consistance aux images. Rien n'est laissé au hasard, de cette ambiance glauque et froide du Futur, en parfait contraste avec les années 70.
Pour ce qui est de traiter les personnages, qui sont il faut l'avouer en nombre conséquent ici, Singer sait aussi faire preuve de mesure, si bien que chacun à droit à un temps correct de pellicule. Outre les nombreuses péripéties qui vont les incomber, c'est en prenant en compte le potentiel dramatique de ces personnages, que le réalisateur souhaite narrer cette nouvelle histoire. Autant dire que les prestations sont toutes excellentes. Notamment Jennifer Lawrence qui campe une Mystique parfaite. Mais aussi James McAvoy et Michael Fassbender qui forment le duo Charles Xavier et Erik Lensher des années 70. Leurs doubles du futurs, Partick Stewart et le monumental Ian McKellen sont aussi très justes et convaincants, bien que forcément moins présents.
Mais n'oublions pas non plus Hugh Jackman, toujours aussi génial en Wolverine, la candide Ellen Page en Kitty, et bien entendu les deux nouveaux et pas des moindres, Evan Peters déjà formidable dans "American Horror Story", mais aussi et surtout notre ambassadeur français, Omar Sy qui sans avoir un rôle majeur, semble s'amuser comme un enfant qui découvre ses cadeaux de noël. Impossible également de ne pas souligner la prestation de Peter Dinklage, le cultissime Tyrion Lannister de "Game of Thrones", qui joue ici un méchant mémorable.
Fort, beau, poignant, intelligent ... etc tant d'adjectifs qui peuvent décrire ce véritable coup de génie de Bryan Singer. Probablement le film de super-héros issu de l'univers Marvel (mais non produit par Marvel Cinematic Universe) le plus pertinent depuis "Spider-Man 2" de Sam Raimi. Une énorme surprise, du cinéma généreux et un blockbuster de haute facture qui hisse la saga "X-Men" au rang des meilleures franchises cinématographiques de son temps !