On dit souvent que les films de super-héros n'ont pas d'ambition. On dit aussi que les films de super-héros sont des produits formatés sans saveurs mais de bonne qualité. On dit souvent qu'il y a beaucoup de moutons non ? Un peu d'humour pour commencer cette critique du film : X-Men Days Of Futur Past ou le crossover entre deux générations de mutants ayant toutes deux marquées l'histoire du cinéma. Ce film est la preuve que les films de super-héros ont de l'ambition à tous les niveaux: scénaristique, esthétique et spectaculaire. On tient ici l'un des meilleurs films sur les mutants et un blockbuster de très bonne qualité.
DOFP c'est l'apogée des X-Men au cinéma. C'est aussi le retour de Bryan Singer derrière la caméra, le papa des X-Men même si, selon moi, il fallait laisser la direction de cette trilogie à Matthew Vaughn. Pour ces nouvelles aventures, les mutants du futur (la première génération) affrontent les redoutables sentinelles, des robots tueurs, bien plus puissant que n'importe quel mutant. Alors que la course pour la survie est lancée, Magneto et Charles décide d'envoyer Wolverine dans le passé afin de prévenir la menace des sentinelles. Celui-ci se retrouve contraint à travailler avec les versions jeunes des mutants qui sont au plus mal en termes de relation. Mélangeant le passé et le présent, ce nouveau volet des aventures mutantes promet de bouleverser l'ensemble de l'univers cinématographique des X-Men.
Pour commencer, le retour de Singer derrière la caméra ne pouvait signifier que du bon pour la saga. Après tout, c'est lui qui a lancé les mutants au cinéma avec deux films vraiment appréciés par la communauté geek et la critique. De plus, Vaughn produit tout de même le film et a participé à la phase d'écriture. Donc, de base, le projet était vraiment sur des bons rails. Néanmoins, l'idée d'un tel film présentait de nombreux risques. Tout d'abord, la cohérence. Oui, inclure un voyage dans le temps n'est jamais simple, c'est casse gueule. Alors oui, brisons la glace de suite, le film possède des incohérences et des points restés obscurs pour les non initiés. D'une certaine manière, cela fait aussi le charme du film car plusieurs visionnages sont nécessaires pour tout comprendre.
Ensuite, mélanger deux époque peut vite partir en sucette si on ne maîtrise pas les codes de chaque époque. Là-dessus, Singer montre qu'il est le patron en matière de mutant. Les deux époques sont distinctes et claires. Il n'y a pas de confusion. C'est un bon point pour le film. Cependant, il faut aussi parvenir à maintenir une balance entre les deux époques. Pour le coup, la version cinéma ne rend pas suffisamment justice au futur. Il faut voir la version Rogue pour obtenir un mélange homogène et juste entre les deux époques (cela ajoute aussi un personnage très apprécié). Ainsi, je conseille de voir la version longue du film.
Malgré tout, on remarque que le passé est nettement plus mis en avant dans le film: j'ai pu voir de vive critique concernant ce choix. Dans un sens, cela est logique: il ne s'agit plus de raconter l'histoire de la première génération de X-Men mais bien de voir en action la nouvelle génération. Donc oui, le passé est plus important et cela est juste au vue de la tournure qu'a prise la saga avec le film précédent.
Le coup de génie de DOFP réside dans son scénario. Et cela représente aussi une faiblesse du film. Le parfait mélange des deux époques permet à Singer de retrouver des mutants originaux qui ont tous pris un gros coup derrière la tête après le décevant X-Men: The Last Stand. Ainsi, on retrouve Tornade, Bobby, Kitty et beaucoup d'autres. Cela donne un sentiment de nostalgie, en tout cas pour moi. Le scénario parvient à parfaitement jouer entre les deux époques: Tantôt dans le passé, tantôt dans le futur. Et pour le coup, jusqu'à la dernière seconde, on sent une certaine pression qui découle dans la réussite ou non de l'équipe du passé. Tout repose sur un choix humain dans le fond: tuer un monstre ou être un monstre: que de nuance! Mais, la fin du film est aussi, amère je trouve. Ce film aurait vraiment du conclure cette nouvelle saga, en se plaçant en troisième film. Le champ des possibles aurait été infini ainsi!
Il n'en reste pas moins que ce film est vraiment bien. Esthétiquement parlant, il y a des choix qui sont très intéressants. Il y a un vif contraste entre les deux époques: ainsi, le passé est lumineux alors que le futur est sombre et ocre. Cela peut paraître anodin mais c'est essentiel pour maintenir la tension dramatique du futur dans le film. Autre contraste intéressant: la place du mutant dans la société: dans le passé, ils sont presque vénérés, dans le sens où, l'humain est incapable de comprendre ce qu'il se passe devant ses yeux. Dans le futur, il est chassé, toute la force du film tourne autour de l'idée que les mutants ne sont pas des dieux mais des cibles. Le film est presque philosophique par moment à travers certaines lignes de dialogue. Et dire que certains pensent que le film manque d'ambition!
Autre point qui fonctionne parfaitement, c'est le retour sur le devant de la scène de Wolverine. Pourquoi s'attarder sur lui particulièrement? Oui, je sais, je l'adore, c'est mon personnage préféré mais c'est aussi le personnage qui a connu des lourdes critiques et revers au box-office créant une sorte de lassitude autour des mutants. Malgré tous les efforts de Hugh Jackman pour toujours être au top dans ce rôle, les spinnoffs sur Wolvi n'ont jamais trouvé un bon accueil, ils ont été descendu en flèche par le public et la critique. C'est une forme de revanche pour ce personnage initié par son caméo dans le film précédent et sa réplique culte: Allez-vous faire enculer tous les deux. On peut y voir un gros doigt au critique. Ce film marque le retour de ce personnage au top de sa forme mais aussi, une forme assumée des films précédents, avec l'intégration des flash-back. C'est aussi le retour des illustres Patrick Stewart et Ian McKellen qui endossent une nouvelle fois leurs rôles légendaires. C'est pour cela que je trouve que ce film est l'apogée pour l'univers X-Men: dans ce film, tout est fait pour que les deux générations soient sur un pied d'égalité liée par le seul personnage qui a maintenu la barre de la saga: c'est pas beau ça?
X-Men: Days Of Future Past est probablement le film le plus aboutit pour les mutants au cinéma. Doté de son scénario inédit et de la rencontre parfaite entre deux époques différentes pour les mutants, presque philosophique par moment, le film est rempli de scènes spectaculaire mais aussi, de moment intime qui font le charme de la saga. Oubliez l'humour du MCU, ici, les mutants se présentent comme les parents du MCU. Film de la maturité et de l'ambition, c'est une pièce rare pour le genre super-héroïque.