J'ignore si j'ai gagné quelques neurones en vieillissant ou si c'est juste que je deviens plus critique/aigri, mais je commence à me demander si je suis bien toujours le public ciblé pour ce genre de films.
Je viens juste de voir X-Men : Days of Future Past (quel nom.) et je me suis d'entrée de jeux gâché l'intégralité du film en n'étant pas convaincu par le principe du voyage dans le temps.
Disons plutôt que l'idée du voyage dans le passé est intéressante, on a tous envie à un moment donné de retourner à tel moment pour péter les dents du mec qui nous faisait chier en sixième ou pour donner les bons numéros au loto. Normal.
Sauf que le traitement ici est éminemment maladroit.
La première scène montre une poignée de mutants se défendant vaillamment contre des Sentinelles, des robots tueurs de mutants capables de s'adapter de manière infinie à leur opposant. Bref, aucune chance de survivre et ils se font tous laminer les uns après les autres. Kitty Pride fait partie du tas et envoie Bishop quelques jours dans le passé pour prévenir ses copinous de l'attaque à venir, juste au moment où les Sentinelles entrent dans la pièce pour leur refaire le portrait.
Ok. Soit. On n'entend donc plus parler du futur lié à cette première scène où tout le monde a dû claquer. Ça semble logique. Maintenant, débarquent le Professeur X et Magneto, bras dessus, bras dessous, accompagnés d'une brochette de potes (Wolverine, Storm, Iceberg, ...). Tout ce beau monde discute et tombe d'accord sur le fait qu'il faut envoyer Wolvie (parce qu'il peut se régénérer l'esprit, gna gna gna, tout est bon pour le mettre au premier plan, celui-là) en 1973 pour empêcher la création des Sentinelles.
Jusque là, tout va bien, le bonhomme se retrouve dans son corps de 1973 et part à la recherche du Xavier de l'époque, qu'il trouve accompagné du Fauve (à temps partiel, le mec maîtrise sa métamorphose via un sérum qu'il file également à Charles pour que celui-ci marche). Notre trio de choc doit sortir Magneto de sa cellule pour remplir à bien leur mission.
Et en parallèle de ça... On voit ce qu'il se passe dans le futur.
Euh, attendez. La moindre modification du passé ayant des répercussions dans le futur, celui-ci devient inexistant non? Il y en a d'ores et déjà : Logan et Xavier sont désormais BFF alors que ça n'est pas censé arriver avant une trentaine d'années. Par exemple.
Cette idée du futur qui continue à tourner en parallèle de 1973 est d'autant plus conne que la toute première scène se passe dans un futur encore un peu plus avancé et n'existe plus. Kitty Pride énonce d'ailleurs au cours du film qu'elle ne fait qu'envoyer la conscience d'une personne dans son corps passé. Donc en théorie, le Bishop du futur très avancé revenu dans le futur moins avancé a déjà la cervelle grillée et n'a pas pu prévenir ses camarades de jeu du danger imminent.
Vous me suivez? Je suis sûr que oui.
Breeeeeef, l'histoire du voyage dans le temps étant super mal traitée et incohérente, ça plombe un peu l'ambiance. On a bien compris que Singer va la jouer sans subtilité et ça ne manque pas : l'histoire du passé comme celle du futur se trouvent changées de manière simultanée grâce au choix d'un seul personnage d'appuyer ou non sur une gâchette à un moment X. Tant que ce moment n'a pas été atteint et passé, le futur ne bouge pas et reste assez peu ensoleillé.
Bref, cela nous crée un paradoxe sans nom, et c'est totalement con.
A côté de ça, il y a des idées sympas, hein, le personnage de Quicksilver est beaucoup plus fun ici que dans Avengers 2 (ce qui est tout de même assez étonnant), et j'aurais apprécié de le voir un peu plus. On a également droit à quelques petits clins d'oeil, une référence de Quicksilver au fait que sa mère fréquentait un mec qui contrôlait le métal, Logan qui s'étonne de ne pas sonner quand il passe au détecteur de métal (en 1973, il est encore de chair et d'os!). C'est rigolo, ça prête à sourire et ça ne mange pas de pain.
J'ai bien aimé les acteurs aussi. Certains étant là depuis le début (Hugh Jackman, Ian McKellen, Patrick Stewart, ...), d'autres étant plus récents, mais tous, dans l'ensemble, m'ont parus convaincants. Je trouvais toutefois le duo McKellen/Stewart plus raffiné et noble que celui de Fassbender/McAvoy, mais ça peut s'expliquer aussi par le simple fait que les deux derniers sont bien plus jeunes, moins expérimentés et plus irritables.
Ça m'a également plu de retrouver le thème originel des X-Men (enfin des premiers films, quoi), une chouette idée. Je tuerais pour que Danny Elfman ponde à nouveau son thème dans un éventuel prochain Batman, par exemple.
L'un dans l'autre, si on oublie le paradoxe temporel totalement con, et les scènes du futur donc (c'est quand même le comble, vue l'histoire), X-Men : Days of Future Past est probablement un des meilleurs films de la saga. Il surpasse aussi à mon goût des films comme Man of Steel ou Amazing Spider-Man 2 (enfin, si vous lisez ma critique de celui-là, c'est pas dur) qui essayait certainement d'en faire beaucoup trop.
Un film pas désagréable, je me demande ce que donnera sa suite.