« Don't let it control you. » PROFESSOR CHARLES XAVIER

Après un premier X-men, en 2000, chez 20th Century Fox qui pose brillamment les bases d’un univers très riche et présente des personnages vite adoptés par le public, sa suite X2, en 2003, parvient à surpasser de loin son aîné tout en lui restant fidèle, avec des super-héros alors à leur apogée. Laissant leur destin en suspens sur un final dramatique des plus saisissants, les toutes dernières secondes de ce deuxième opus pleines d'espoir présageaient le meilleur pour la suite.

A l'origine de ce troisième opus, signifiant la conclusion de la trilogie, Bryan Singer devait reprendre du service. Cependant, se voyant offrir par la Warner la réalisation de Superman Returns, il accepte cette proposition et emmène avec lui son équipe technique : le compositeur John Ottman, le directeur de la photographie Newton Thomas Sigel, les scénaristes Mike Dougherty et Dan Harris et le chef décorateur Guy Dyas. Même si le réalisateur était prêt à assumer les deux tournages, la 20th Century Fox a préféré continuer sans lui.

La 20th Century Fox s'est alors tournée vers Matthew Vaughn ou Joss Whedon, mais ils refusent tous les deux le poste de réalisateur. Ironie du sort ou simple coïncidence, Brett Ratner, qui vient d'être remplacé sur le projet Superman Returns, est engagé pour assurer la réalisation de ce troisième volet. Situation d'autant plus étrange quand on sait qu'il était pressentie pour réaliser le premier X-men avant que Bryan Singer occupe le poste.

Un choix qui me paraissait déjà douteux a l’époque quand on sait que Brett Ratner avait déjà loupé la conclusion d’une trilogie : celle de Hannibal Lecter avec son Red Dragon sortie en 2002.

De plus, la production a prit du retard dans l’écriture du scénario avec ce changement d’équipe technique. C’est Zack Penn et Simon Kinberg qui se retrouvent à l’écriture. Si Zack Penn avait participé à l’écriture de X2, il a aussi co-écrit le mauvais Elektra sortie en 2005.

Finalement, X-men : The Last Stand sort en 2006, en avant première, hors compétition, au Festival de Cannes.

C'est ainsi que pour la scène d'ouverture le Professeur X et Magnéto (vingt ans en arrière et rajeunis numériquement pour l'occasion) rencontrent la plus puissante mutante jamais recensée : Jean Grey, encore enfant mais déjà aux prémices de ses puissantes facultés (surprenant de voir les cameos de Stan Lee et Chris Claremont en tant que voisins de la jeune Jean Grey). Puis quelques années de plus laissent place au jeune Warren Worthington III, tentant alors de se débarrasser de ses ailes naissantes à l'abri du regard de son père, dont les plumes et l’ADN se fondent en un nouveau générique de début. Point de discours donc du Professeur X pour introduire ce nouveau volet.

Si Bryan Singer a su proposer une vision intelligente de ces mutants et retranscrire avec respect les questions sociétales posées dans l’œuvre originale depuis des décennies, ce troisième film adopte un ton résolument plus léger, aux allures de film pop-corn et de blockbuster estival, malgré la gravité de la double trame exposée : l’arrivée d’un fait sans précédent pour les mutants et la narration d’un arc prépondérant dans l’univers des X-men. L’arrivée d'un antidote contre la mutation aurait, en effet, pu soulever de nouvelles réflexions sur la place des mutants dans la société. Mais ces derniers sont désormais intégrés ! Le débat sociologique reste donc léger et interne. Si une petite scission se profile chez les bons mutants, les mauvais s'allient sous la coupe de Magnéto qui extrapole la possibilité d'une arme anti-mutants.

Cet épisode est également celui de Jean Grey, du Phénix. Subtilement amorcé dans l’épisode précédent, c’est là un véritable cadeau pour les fans qui attendent ce chapitre culte et incontournable du comics. Et malheureusement, l’histoire du Phénix est pitoyablement relayée au second plan alors qu’elle devrait être l’apothéose de cette trilogie. Point de voyage dans l'espace et nulle présence d’une entité prenant possession de l’esprit de Jean Grey, pour assurer la continuité des événements cinématographiques passés et ancrés dans un contexte des plus réalistes. Le spectateur apprend donc entre deux scènes que Jean Grey souffre depuis longtemps d’un trouble de la personnalité que temporise le Professeur X, dont l’alter-ego ne veut tout simplement plus être enfermé.

Le scénario est également écrit en fonction de la disponibilité des acteurs qui étaient sous contrat pour deux films uniquement. Ainsi, le déjà négligé Cyclope de James Marsden, alors occupé sur le nouveau projet de Bryan Singer, n’apparaît pas plus de cinq petites minutes avant de disparaître. Anna Paquin, également retenue au moment du tournage, voit Malicia faire les frais de la relation pourtant captivante qu'elle entretient avec Iceberg depuis le début de la saga, préférant soigner sa mutation. Une décision tout à fait compréhensible vu la nature de ses pouvoirs la privant de contacts humains, mais un choix scénaristique que l'actrice regrette. L'indisponibilité de Mystique incarnée par Rebecca Romijn incombe aux scénaristes de réduire au strict minimum le personnage aux multiples facettes qui avait pourtant tant gagné en substance précédemment. Quant à Alan Cumming, il refuse tout simplement de reprendre le rôle de Diablo, dont le caméo finalement trop court aurait été coupé au montage par les studios afin d’économiser les frais coûteux de maquillage.

De nouvelles têtes prennent donc le relai. Ce regain ou nécessité de nouveaux mutants aurait certes pu être bénéfique à ce troisième volet pour insuffler une nouvelle dynamique. Faut-il encore qu'ils aient suffisamment d'intérêt et que cela ne se fasse pas au détriment de ceux encore en lice. Ce troisième opus dispose, en effet, de bien trop de personnages pour s'attarder convenablement sur chacun d'eux. Surtout quand sont prévus au casting le Fauve et Angel attendus depuis le premier épisode par les érudits. Si le Fauve, promu au rang de Ministre des Affaires Mutantes sous les traits de Kelsey Grammer s’avère attachant grâce à sa relation avec Wolverine ; Angel campé par Ben Foster brille par son manque de prestance et d’intérêt. Tous deux ne font malheureusement pas avancer l’histoire.

Heureusement, Hugh Jackman est au top de sa forme et Wolverine n'est plus le loup solitaire qu'il était, mais fait désormais partie intégrante de l'équipe des X-men. Si ses conseils bourrus peuvent faire sourire, son implication au sein de l'école est totale. Mais c'est surtout le retour de Jean Grey et leur relation qui offrent de creuser l'aspect sentimental de ce personnage. Famke Janssen revient d'entre les morts pour incarner la plus puissante de tous les mutants, aussi instable que déstabilisée, qu'instinctive et indomptable. Un véritable défi de restituer la dualité de ce fort et iconique personnage pour la comédienne qui, toujours aussi studieuse, prépare ce double rôle en lisant de nombreux ouvrages psychologiques sur la schizophrénie et divers troubles de la personnalité. Avec une interprétation à la fois tout en retenue et viscérale, l'actrice, disposant enfin de l'opportunité de prendre pleinement possession de son rôle, est le véritable point fort et la principale qualité du film.

Sir Patrick Stewart, dont j’ai parlé plus haut, incarne une nouvelle fois magnifiquement le Professeur Xavier, qui dévoile ici une facette moins lisse de son personnage et un lien particulier avec Jean Grey, dont les conséquences choqueront plus d'un spectateur. Halle Berry ne souhaitait initialement pas reprendre son rôle, insatisfaite de son manque de profondeur dans les deux premiers volets. Elle prend donc du galon et monopolise l’attention en devenant la nouvelle directrice de l’Institut Xavier et le leader sur le champ de bataille.

Ses jeunes élèves sont tout en retenu : Kitty Pryde, qui trouve une troisième interprète en la personne de Ellen Page, forme avec Iceberg, toujours campé par Shawn Ashmore, un duo sympathique à destination des plus jeunes avec l’anecdotique Colossus.

Du côté de la confrérie des mutants, le quatuor formé par Callisto, et les vite oubliés Arclight, Quill et Psylocke font office de sous-fifres caricaturaux de Magnéto toujours incarné par Sir Ian McKellen. Ils sont aussi rejoint par le Fléau, censé être l'un des ennemis les plus redoutables des X-men, un véritable Némésis, est aussi bête que ridicule et doté d'un humour plus que discutable, en témoigne son ultime réplique aussi grossière qu'accablante. Et le fait d'être le demi-frère du Professeur X est ici gommé. Reste l’homme multiple, mais surtout l'enfant terrible et envieux Pyro, à nouveau campé par Aaron Stanford, qui a changé de camp depuis la fin du dernier opus, et attend de pouvoir se mesurer à son ancien ami Iceberg.

Pour la bande son, John Powell succède à John Ottman, qui avait su offrir aux X-men un thème signature et héroïque. S’inspirant du travail de son prédécesseur, il reprend les mêmes instruments et les mêmes intonations pour signer une ambiance différente, mais dans la lignée du précédent. De quoi surprendre sans déstabiliser le spectateur.

Ultime épisode de la trilogie, ni bon, ni mauvais. X-men : The Last Stand devait conclure la trilogie en beauté, mais il peut juste se vanter d'être le moins bon du lot. Oscillant entre l’envie de faire un film plus violent et plus sombre, plus impressionnant et ambitieux, mais également plus coloré et plus drôle, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Un acte manqué sauvé de justesse par la narration de l'arc du Phénix attendu depuis le premier X-men, qui reste plaisant à découvrir jusqu’à la première scène post-générique de l'histoire des X-men (et d’une importance capitale pour la compréhension des futures suites).

StevenBen
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de la saga X-Men

Créée

le 6 mars 2024

Critique lue 7 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur X-Men : L'affrontement final

X-Men : L'affrontement final
Docteur_Jivago
2

Moche

Ce troisième opus est catastrophique. C'est clairement raté et Brett Ratner, qui remplace un Singer trop occupé avec Superman Returns, prend l'initiative de faire n'importe quoi. Cette clôture de la...

le 23 mars 2015

44 j'aime

14

X-Men : L'affrontement final
Behind_the_Mask
6

Nymphomane Jean

Bryan Singer est pris entre deux feux. L'artisan du succès de la saga X-Men, en effet, est en pleines négociations, qui tournent d'ailleurs un peu en rond, pour porter à l'écran un troisième épisode...

le 4 juin 2018

27 j'aime

10

X-Men : L'affrontement final
Lonewolf
1

X-Men L'Affront Final serait plus adapté

Pourquoi, Brian, pourquoi t'es parti réaliser le dernier Superman (qui s'est finalement révélé très moyen), au lieu de finir ta saga des X-Men? >__< Et pourquoi Brett Ratner pour prendre ta...

le 7 nov. 2010

25 j'aime

4

Du même critique

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3

Kaméhaméha - Dragon Ball, tome 2
StevenBen
7

« Il m’avait dit de ne pas la regarder mais je l’ai fait quand même ! » SANGOKU 

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 17 oct. 2022

2 j'aime

3