RETROSPECTIVE X-MEN (5/10) : X-Men First Class

Avant même qu’X-Men 3 ne sorte, la Fox prévoit de plancher sur deux projets : une série de spin-offs et un film abordant la jeunesse des X-Men. Si l’idée trônait dans la tête d’une des productrices Lauren Shuler depuis X-Men 2, les premiers jets ne sont réalisés qu’à partir de 2007 notamment avec Kinberg qui suggère de piocher dans les comics X-Men First Class. Le développement se poursuit jusqu’en 2009 où le studio fait de nouveau appel à Bryan Singer pour y donner un coup de pied.


Le projet de spin-off sur Magneto était encore en cours, mais l’échec critique de celui sur Wolverine le rend incertain. Finalement Singer choisit de mêler des éléments de ce projet à celui devant aborder la jeunesse des X-Men. Il finit cependant par quitter le projet en mai 2010 pour privilégier son adaptation du conte de Jack le tueur de géants. C’est la seconde fois qu’il quitte un projet X-Men après avoir initialement accepté de rempiler.


Le studio pense à Matthew Vaughn, déjà sollicité par le passé sur la saga, mais se retient un temps pensant que le réalisateur est déjà occupé sur un autre projet, The Last Stand.
Vaughn s’était en fait rétracté du projet et Kinberg, qui avait apprécié Kick-Ass, lui propose donc de chapeauter la réalisation de ce nouveau X-Men. Il accepte en mai 2010 et la Fox annonce dans la foulée une date de sortie : 3 juin 2011 aux States.


Il faut donc finaliser le scénario et vite, ce que Vaughn s’emploie à faire avec Jane Goldman, grande collaboratrice de celui-ci.
Des idées et personnages sont écartés comme le triangle amoureux entre Charles, Erik et Moira, ou bien le personnage de Sunspot. Les parallèles entre la condition des mutants et les mouvements pour les droits sociaux sont eux aussi écartés, Vaughn considérant que le film baigne dans suffisamment de thématiques politiques pour s’en passer. Un focus est particulièrement exercé sur la relation Charles-Erik (un élément qui va être très fréquemment mentionné dans cette rétrospective tant c’est le pilier du film), Vaughn craignant que celle-ci ne soit pas assez crédible en un film, puisqu’il faut non seulement les faire s’entendre, mais ensuite les opposer. Enfin le scénario placé dans les années 60 encourage Vaughn à plonger le film dans une ambiance James Bondienne, allant de la classe teinté de légèreté à la misogynie décomplexée de cette époque en passant par des décors pile dans le ton.


Après un tournage et une post-prod sans accrocs, le film sort dans les temps et reçoit alors des critiques globalement très positives, louant une approche et une histoire différente des quatre films de la franchise sortis jusque la avec ces débuts des X-Men sur fond de Guerre Froide, mais non sans quelques défauts relevés ci et là. En réalisant 353M$ au BO mondial, il rapportera pourtant moins qu’X-Men Origins Wolverine, qui avait cumulé 373M$. Un résultat encourageant malgré tout pour le studio, qui décide donc de le considérer comme le premier film d’une nouvelle trilogie.


Alors que Charles Xavier, un mutant capable de lire et contrôler les gens par la pensée et Raven, mutante capable de prendre l’apparence de n’importe qui, sont sollicités par l’agent de la CIA Moira MacTaggert pour traquer un groupe de mutants mené par Sebastian Shaw, ils tombent sur la route d’Erik Lensherr, un mutant capable de contrôler le métal et lui aussi sur la trace de Shaw dans une quête de vengeance. Ensemble ils vont tenter de cerner les plans de Shaw et d’y mettre un terme.


J’avais oublié à quel point le film était aussi efficace. Ça passe notamment par son joli casting.


James McAvoy et Michael Fassbender jouent des partitions rajeunies vraiment rafraichissantes de Charles Xavier et Erik Lensherr. Non seulement leurs persos sont bien écrits et attachants à leur façon, mais on ressent vite l’alchimie entre les deux. C’est Fassbender surtout qui vole la vedette, mais tous deux jouent trois strates au-dessus du reste du casting.


Kevin Bacon est un petit régal dans son rôle de vilain et son équipe s’en tire avec quelques honneurs entre une January Jones qui campe une redoutable et superbe Emma Frost et un Jason Flemyng qui incarne un Azazel avec beaucoup de classe sans oublier les très jolis effets spéciaux pour son pouvoir, rappelant ceux de Diablo. On passera sur son traitement final ainsi que sur Alex Gonzalez et le perso qu’il incarne, Riptide, plus anecdotiques.


Du coté des X-Men, difficile d’être aussi positif. Si Nicolas Hoult interprète une nouvelle version intéressante d’Hank McKoy, le reste de l'équipe est composé de personnages-fonction creux et aux pouvoirs moins intéressants.


Parlons enfin de Jennifer Lawrence, qui me donne toujours l’impression de n’avoir jamais voulu participer dans la saga, tant elle ne dégage rien.
Mièvre et geignarde, Mystique subit un traitement qui ne lui fait pas honneur, autant via son actrice que via le perso, éprise du moindre beau garçon avec qui elle traîne et qui lui rendrait un semblant d’égard. Tout n’est pas à jeter dans son personnage heureusement car elle cristallise une des facettes les plus évidentes des mutants : celle de s’assumer en tant que tel, notamment quand ça impacte le physique. Aussi par son positionnement, elle met en exergue les limites de celle qu’assume implicitement Charles, en plus de contribuer indirectement à mettre en lumière la future opposition morale qui le séparera d’Erik, plus radical dans son ressenti.


Nous avons un scénario qui prend pas mal de libertés d’ailleurs, créant des incohérences avec les films précédents. Rien qui entache le plaisir de la séance, mais ça reste selon moi un défaut vis-à-vis de la saga dans laquelle le film s’inscrit, et qui n’est pas pardonné par l’excuse « c’est nouvelle une ligne temporelle ».


Un autre souci est que le film avance parfois un peu trop machinalement et peine à créer des émotions ou de l'intérêt dès lors qu’on s’éloigne du duo Charles/Erik, et tout ça va decrescendo jusqu’à un final que je trouve une fois encore mi-figue mi-raisin, mêlant passages iconiques et d’autres beaucoup moins convaincants. J'ai en fait plusieurs moments-clés du film avec lesquels je trouve que la production ne parvient jamais à trouver le parfait équilibre.


Les effets spéciaux ou pratiques vont du passable (par exemple les pouvoirs d’Angel ou du Fauve) au vraiment très convainquant (par exemple la scène avec le bateau, la grosse scène avec le sous-marin, ou une fois encore les pouvoirs de Diablo). La musique est plutôt anecdotique avec des variations peu diversifiée du thème principal du film.


On pourra également regretter la mise en scène pas si inspirée que ça de Vaughn. On a bien quelques plans et passages jolis, mais pas au niveau de Singer, probablement dû au souhait de Vaughn de réaliser le film dans l’esprit et les conditions de tournage des films des années 60.


Dommage que la post production n’ait pas souligné cet aspect notamment avec du grain qui aurait, je pense, apporté un énorme cachet au film. On a finalement une esthétique visuelle très impersonnelle qui tranche sévèrement avec ce que l’époque, les décors, les couleurs et l’ambiance du film dégagent, se rapprochant bien davantage du traitement visuel qu'on trouve dans la quasi totalité des films du MCU.


J’ai donc mon petit lot de reproches, mais le duo Charles/Erik et cette ambiance 007 des 60’s font de ce First Class un film indéniablement sympathique et à part dans la saga.

Chernobill
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le 8 nov. 2021

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