Pour moi, D.J. Caruso, c'est à la base un bon réalisateur de série B : je pense notamment à « Paranoïak » et « L'Œil du mal », tous deux très efficaces dans leur genre. Mais depuis, il y a notamment eu « Numéro quatre », où celui-ci était déjà complètement écrasé par la machine hollywoodienne. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé que cette résurgence de la saga, au premier volet plutôt sympa et au deuxième pas si mauvais qu'on a pu l'entendre, pouvait être une opportunité de prouver à nouveau son savoir-faire : comme j'étais naïf... Sincèrement, je ne comprends même pas comment de tels projets peuvent voir le jour en 2017. OK, je peux entendre l'idée de faire un truc cool, fun, sans (aucune) prise de tête, les moyens sont réels, avec des scènes d'action souhaitant manifestement repousser les limites du spectaculaire.
Sauf que non seulement le film semble avoir quinze voire vingt ans de retard tant il est rétrograde à bien des égards, mais surtout n'avoir aucune limite dans le n'importe quoi le plus total, où tout est traité par-dessus la jambe, sans jamais chercher à proposer une quelconque cohérence, recherche, intelligence à ce qui est « développé » pendant une centaine de minutes. Tout est déplorable : bande-originale aussi horrible qu'envahissante, combats hystériques découpés n'importe comment, humour plus que basique, dialogues insipides, regard navrant sur les femmes forcément soit hyper « badass », soit jacassantes, soit objet sexuel...
Apparemment, Vin Diesel aurait eu carte blanche pour emmener le projet là où il le souhaitait : celui d'un blockbuster pensé par un gros beauf sans imagination, obsédé par le tuning et les belles pépées, n'ayant que faire de proposer un scénario aussi indigent qu'incohérent, faisant évoluer ses personnages à 180° juste parce que ça l'arrange et que des gens au physique avantageux ne peuvent être réellement méchants, la logique de Xander Cage pour créer son équipe de « choc » restant un mystère pour tout être humain normalement constitué. Casting sans âme, où seule Toni Collette, étrangement égarée dans cette daube, tente de garder sa dignité en étant la seule à faire l'effort de bien jouer.
Deux passages à sauver au milieu du marasme : le discours inaugural de cette vieille ganache de Samuel L. Jackson, et la
ridiculisation de braconniers venus assassiner un lion tranquillement installé dans sa savane.
Difficile de le défendre plus longtemps tant on ne peut qu'être pantois devant autant de bêtise, de grossièreté d'écriture, d'incapacité à filmer correctement quasiment la moindre scène. Le pire, c'est qu'avec un traitement diamétralement différent, cela aurait pu être effectivement sympa. Encore aurait-il fallu que le logiciel ne reste pas bloqué à l'époque du premier film, paraissant étonnamment plus moderne et beaucoup moins dégradant que cet ultime (du moins peut-on l'espérer!) épisode. Ci-gît D.J. Caruso, réalisateur de 2002 à 2008.