Ce convoi humanitaire en route vers le Sahel, c'est un peu la parade d'un cirque en tournée. C'est en tout cas ce que suggère la comédie ironique de Marco Ferreri.
Sans doute agacé par les témoignages complaisants de la générosité occidentale, le cinéaste imagine une satire par laquelle il fustige une forme de néo-colonialisme où subsiste, malgré les apparences, la condescendance des pays riches. "L'ingérence humanitaire", expression à la mode, sert la bonne conscience des européens dans les pays africains qu'ils contribuent pourtant, jour après jour, à pervertir.
C'est le message politique du film auquel s'joute l'aspect humain et individuel représenté par les acteurs de cette entreprise de bienfaisance. Aventuriers, mégalomanes ou dépressifs, tous les figurants de ce théâtre automobile à travers le désert semblent là pour des raisons qui ne sont pas les bonnes, subvenant plus sûrement à leurs problèmes personnels qu'aux maux de l'Afrique.
Le propos de Ferreri est subversif, amusant, mais ses personnages, excepté celui de Michel Piccoli, missionnaire jusqu'à la bêtise, ne sont pas très intéressants. Ils sont sans doute plus véritablement ridicules que drôles; c'es-à-dire qu'ils servent mieux le thème que la comédie.