Une mission humanitaire, nommé "Anges bleus" est chargée d'apporter des vivres dans le Sahel. Bien vite, les problèmes se succèdent et les névroses de chacuns deviennent criantes.

Ferreri dans toute sa splendeur : message sulfureux, frontal, mais juste et particulièrement humain. Ici, il nous plonge au coeur d'une bande d'abrutis finis, des européens basiques pensant venir en aide aux autres, alors qu'eux-même sont des problèmes. Tout le ressort du film est là, on suit un convoi à travers l'Afrique, rempli de personnes ne respectant rien, se comportant comme les enfants gâtés qu'ils sont et se retrouvant là, finalement, par le plus grand des hasards de leur vie si triste.
Transportant avec eux des tonnes de nourriture, vomi d'une société qui n'a décidément honte de rien, bien vite on se rend compte que cette mission, soit-disant humanitaire (que savent ces gens de l'humanisme, rien) se renferme sur elle-même, restera cloîtré dans ses camions et n'aura de contacts que quand ils y seront forcés. Et cette mission, sa réussite, devient le vrai objectif, bien plus que le ventre vide de certains africains, comme cette séquence terrible montrant les "humanitaires" payer un hôtel de luxe avec des denrées.

"Coucou tout le monde, on vous emmène ce qu'on produit bien trop et on se fait passer pour des sauveurs, par contre faut pas compter sur une remise en compte totale de notre système qui fait de nous des sauveurs". Mais sauveurs de quoi, comment ? Emmener des denrées, c'est ça le plan pour nourrir un peuple ? Bien sûr que non, si ces gens étaient véritablement bien dans leurs baskets, ils s'occuperaient d'abord de leur propre situation, qui a fait celle de tout un continent, ils reverraient à la baisse leurs besoins, ils demanderaient des comptes à ceux qui ont mis en place les personnes de pouvoir etc. Mais non, c'est tellement mieux de se construire ses héros, de trouver en les oeuvres humanitaires toute la compassion que l'on n'éprouve qu'une fois tous les trimestres quand on parle famine sur TF1. Le film se charge de détruire cette image, le plus violemment et intelligemment possible : en resserrant le récit sur deux personnages, un camionneur nommé Michel, qui n'est là que pour s'occuper après une période de chômage technique, et Nadia, que la vie chaotique à pousser à se donner l'envie d'exister, quitte à abandonner son enfant. La trame se ressert peu à peu sur leur relation, et l'incroyable don qu'ils ont à, finalement, ne s'occuper que d'eux-même. Ca se drague, ça craque nerveusement, c'est surtout hostile à la population. Entre la femme qui choisit la compagnie de Michel "parce qu'il n'est pas noir" et ce dernier qui ne connaît de l'Afrique que les villageoise qu'il séduit (et enregistre à la caméra, genre safari), on ne peut que commencer par se demander ce qui peut bien les pousser à se lancer dans une telle aventure. Question qui trouvera des réponses, mais ces dernières ne sont pas exemplairement emmenées. La mise en scène est parfois un peu emprunté, on sent quelque fois devine particulièrement lourd, et certaines scènes s'en ressentent, sont bâclées. Notamment ces quelques plans de Nadia regardant les photos de son enfant, qui ne font pas mouche comme elles auraient dû. Autre accroc, le doublage (le film n'est visible que grâce à un unique passage sur une chaîne française, sinon il est introuvable de par le boycott dont il fut victime) que, visiblement, Ferreri a voulu réaliste en conservant l'accent de chacun. En résulte parfois des sourires en coin, face à un italien roulant ses "r" un peu trop.
Au-delà de ces retenues minimes, le film se suit sans encombres, et réserve un final grandiloquent, utilisant l'ellipse à la perfection et qui doit, bien évidemment, être pris pour une métaphore. Ceux qui venaient nourrir l'Afrique l'ont fait, mais jusqu'au bout contre leur gré...
Bavaria
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le 21 avr. 2011

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