Le masqué, il n'a pas trop eu l'occasion de rigoler cette semaine, vu qu'il bosse avec certaines personnes d'une lâcheté et d'une hypocrisie insondables. Et que cela l'énerve beaucoup.
Ainsi, quand il a vu, dans le cadre du Arras Film Festival, que Y'a-t-il un Pilote dans l'Avion était rejoué dans une de ses salles préférées, il s'est dit que cela ne pouvait lui faire que du bien et lui changer ses idées de meurtre.
Mais il était dans le même mouvement saisi d'un doute affreux : et si son enthousiasme devant l'un des films de son enfance ne revenait plus ? Et si l'adulte qu'il était devenu ne riait plus, comme il n'avait plus ri devant La Cité de la Peur qui l'enchantait pourtant naguère ?
Sauf que mes craintes de souvenirs émus défunts se sont immédiatement envolées dès les premières minutes de la projection, tant Y'a-t-il un Pilote dans l'Avion a su conserver, au fil des décennies (quatre, comme moi), son pouvoir irrésistible de gaz hilarant, remède miracle contre la morosité ambiante.
Tandis que son influence drolatique peut se mesurer encore aujourd'hui à l'aune des films catastrophe "sérieux" qu'il est très difficile de prendre comme tel sans se surprendre à sourire ou à penser à tel ou tel gag éternel en détournant les codes.
Dès la scène d'ouverture, et cette référence aux Dents de la Mer, le film ne sera qu'hommages amusés, bons mots potaches, parodies et détournements parfois non sensiques.
Alors que le 747 en péril passe à la moulinette d'une dérision qui fait du bien au coeur et file le rouge aux joues, on se régale de chaque référence que l'on peut détecter à l'écran, de chaque vedette de l'époque venue casser son image et de chaque idée de gags qui ne passeraient évidemment plus en ces temps tristes d'effacement culturel.
Et si chaque gag ne fait pas forcément mouche, l'énergie et la générosité qui se dégagent de l'ensemble font que l'on oublie ce menu défaut pour mieux se souvenir d'une avalanche d'absurde et d'invention qui ont hissé Y'a-t-il un Pilote dans l'Avion comme le maître étalon du genre, souvent copié, mais jamais égalé.
Sans doute à cause de l'esprit juvénile et jamais cynique qui anime l'ensemble, au contraire de films plus récents mais aussi plus bêtes, cyniques et opportunistes.
Et puis, ce pilote automatique érotomane doué de vie, cela ne s'invente pas. Il faudra ainsi attendre Wilson dans Seul au Monde, plus de vingt ans plus tard, pour revoir pareil accessoire voler la vedette à ses collègues comédiens.
Objets inanimés, auriez-vous donc une âme ? Oui, sans aucun doute. Aussi sûr que des copilotes peuvent arrondir leurs fins de mois sur le parquet des Lakers et briser le quatrième mur avec une malice complice.
Behind_the_Mask, qui adore quand le pilote automatique a un coup de mou...