Dans les années 1970, près d'Avignon, on suit la vie rude et difficile d'une mère agricultrice, jouée par Dominique Reymond, qui gère non seulement ses récoltes mais aussi la vie de ses sept enfants, tandis que son compagnon a une double vie dans une ferme non loin de là, mais quand il revient, il sait se montrer dur. Tout ceci jusqu'à la révélation d'un secret familial qui risque de créer une implosion.
Ancienne décoratrice, assistante de Léos Carax sur Les amants du Pont-Neuf, ce dernier va pousser la jeune Sandrine Veysset, alors âgée de moins de trente ans, à écrire et tourner son premier film, partiellement tirée de souvenirs autobiographiques. Le tout dans un tournage assez long, étalé sur trois saisons, et avec un tout petit budget où la seule personne connue est le père joué par Daniel Duval, Dominique Reymond était alors une actrice de théatre qui n'avait jamais joué au cinéma.
C'est un film joli, porté par l'interprétation criante de naturel des enfants, dont on croirait vraiment à leur filiation, ainsi que sur les quelques acteurs ; le tout est réalisé là aussi avec naturalisme, l'image est en 16 mm d'où la présence de grain, et l'histoire se porte ainsi au fil des saisons. Cela étant dit, il vaut mieux être sensible à la lenteur du film, ou au fond, on suit des vies sur quelques mois, car il n'y a pas vraiment d'intrigue, le drame proprement dit est quasiment évoqué. D'où le fait que je sois un peu partagé sur le film, qu'on peut clairement voir comme un docu-fiction dans sa première partie, puis davantage comme une fiction dans les scènes entre Reymond et Duval. Ce mélange un peu bizarre fera néanmoins le bonheur du producteur car Y aura-t-il de la neige à Noël sera un succès surprise.