Le marché du film au Burkina Faso… Ayant médité ces mots, il est difficile de ne pas être admiratif devant ces gens qui sont soudain devenus acteurs, simulant leur vie quand leur vie est tout ce qu’il y a de plus vrai. Il aura fallu que la France, la Suisse et la moribonde Allemagne de l’Ouest s’en mêlent, apportant leur art, leurs conseillers techniques et leur argent au petit pays pour lui faire sécréter sa soumission aux Academy Awards.
Ce cosmopolitisme, très déplacé en théorie, n’empêche pas que le film est familial. La vie de village est la vraie, et pas un mot emprunté aux langues européennes ne fuit des lèvres de ses personnages. La savane, il y en aura beaucoup trop, une overdose témoignant de notre aveuglement sur le fait que ça doit être… beaucoup comme ça. Il y aura trop de tentatives, en revanche, de sortir les burkinabés de leurs habitudes : les gestes ne sont pas naturels, l’éducation des enfants et les conflits sont fondés sur des leitmotivs, des modèles qui se répètent. C’est un accroc qui est sans incidence sur la qualité cinématographique indiscutable, une vie qui est tournée brute sans pourtant manquer d’ambiance. On sent simplement pourquoi Ouédraogo est accusé de trop s’adresser aux Européens.
Quantième Art