Yalda n'est pas le prénom de l'héroïne du deuxième film de Massoud Bakshi mais le nom de la nuit du solstice, la plus longue de l'année, prétexte à réjouissances. C'est ce soir-là qu'est censée se dérouler un programme de télé-réalité iranienne (qui existait il y a encore quelques mois), baptisé ici "Le plaisir du pardon" (sic). Dans cette émission sidérante, au cours de laquelle des millions de SMS sont envoyés, la fille d'un vieil homme tué par son épouse "temporaire" (pratique iranienne déjà illustrée dans d'autres films) va ou non accorder son pardon et éviter à la meurtrière la peine de mort, tout en touchant une certaine somme (le prix du sang) réglée par les sponsors de l'émission. Incroyable et atroce mais vrai, c'est l'application de la loi du talion (aiguille) dans toute sa splendeur sous les yeux des spectateurs iraniens et de nous-mêmes, pour l'occasion. Nous voici voyeurs ébahis, car la fiction s'inspire forcément d'affaires réelles et singulièrement mal à l'aise devant un traitement frontal, sans beaucoup de subtilité, et ne lésinant pas sur les scènes mélodramatiques. C'est évidemment un "spectacle" prenant mais surtout à cause de son sujet et de son illustration évidente de la lutte des classes. La psychologie des deux femmes sur le plateau n'est qu'esquissée et l'étude réel des faits pas suffisamment explicite, Massoud Bakhshi préférant dramatiser son intrigue et susciter notre dégoût devant une telle parodie de justice. Le cinéma iranien, celui d'Asghar Farhadi, de Mohammad Rasoulof ou de Jafar Panahi, par exemple, nous a habitués à un peu plus de finesse dans ce monde de brutes.

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le 10 oct. 2020

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