Bien foiré
Ce film qui aurait dû me procurer le rire et la réflexion par son concept inhabituel, ne m'a procuré que l'ennui. Très déçu. Au fond, comme Yannick ( Raphaël Quenard ), sauf que lui craque et prend...
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le 29 déc. 2023
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J'y aurais pourtant mis du mien vous savez. Mais à la sortie de la séance, je réalise simplement que Quentin Dupieux, ce n'est tout simplement pas pour moi.
Ce n'est pourtant pas faute de lui avoir laissé une chance, à l'Oizo : avec Non-Film, Rubber, Le Daim ou encore Au Poste !.
Mais j'ai toujours l'impression que les univers décalés du bonhomme sont plus le fruit, non pas d'une sincérité artistique, mais d'une pose un poil hautaine, afin de tester jusqu'où le créateur peut aller. Et en mettant à l'épreuve au passage une critique pro quasi-systématiquement dithyrambique, ainsi qu'une horde de fans aveuglés par l'image décalée dont il est devenu la tête de gondole.
Yannick semble cependant mettre en évidence les limites du système Dupieux.
Car j'ai pensé exactement la même chose qu'un esprit revêche devant un Nolan qui vous dit que ses tripatouillages temporels défient la logique et n'ont aucun sens.
En effet, même dans un univers « No Reason » (© Rubber) made in Dupieux, il est très dur de croire à l'intégrité et à la sincérité du happening que l'on essaie pourtant de nous vendre passées les vingt premières minutes. Surtout dès lors qu'on nous assène que le grain de sable s'est ramené armé au théâtre. Et qu'il a donc anticipé, voire déjà projeté de longue date, son mécontentement et son ras-le-bol. Ou encore qu'absolument aucun vigile ne déboule pour foutre dehors l'intrus. Et même que les otages n'en profitent pas pour se faire la malle à l'occasion d'un retournement de situation à leur avantage.
Et si je suis sûr que l'on me répondra un truc du genre « ta gueule, c'est voulu » ou « c'est un concept, crétin » de tels trous d'air manifestent quand même un certain je m'en foutisme ou, a minima, les coutures d'un patchwork en train de craquer.
Au point que Yannick semble littéralement avancer à vue, sans jamais savoir où il va, entre analyse dérisoire de l'artiste Dupieux face au (à son?) public, contradictions assez hallucinantes quant à la nature de son triste trublion et sous-texte social aussi transparent que complaisant.
Car en plus d'avoir visiblement préparé son coup, l'animal s'arroge tout simplement le droit d'affirmer la surpuissance et la primauté de son je, tout en revendiquant du haut de ses petits ergots guerriers et faussement iconoclastes la distraction éphémère de ses humeurs nombrilocentrées.
Le personnage recouvre à l'image toute l'indécision de Dupieux. Car il se montre tour à tour moqueur, avec son accent de crétin de province évoquant Georges Marchais imité par Thierry Le Luron, complice, ou encore en empathie, lors d'un long plan espérant susciter l'émotion alors que ne pointe à l'écran qu'un sommet d'autosatisfaction.
Mais Yannick, jamais sympathique, boule de bile âcre au mécontentement en bandoulière, revendicatif bas de plafond volontiers vulgaire, faisant à l'autre ce qu'il lui reproche, ne s'inscrit jamais dans les fantaisies de Quentin Dupieux.
Mais dans notre triste réalité.
Car tandis que le public pris en otage figure sans doute tout le côté amorphe d'une société qui a depuis longtemps abandonné l'affaire, Yannick, c'est celui qui, en voiture, vous pique la priorité et qui, quand vous le klaxonnez, vous fait un doigt d'honneur. Car son temps à lui est plus précieux que le vôtre, à l'évidence.
Yannick, c'est celui qui traverse en dehors des clous en se jetant sous vos roues. Car il trace et que c'est à toi de faire attention, pas à lui. Car il est au-dessus de ça et bercé par la musique de son casque sous son bonnet.
Car Yannick, c'est le « moi d'abord » constant, l'imposition au monde des petits émois dérisoires qu'il faut immédiatement satisfaire et les souffrances nombrilistes qu'il faut soulager, car mon « je » le vaut bien. Parce que son « je » l'exige, à dire vrai.
Loin de l'émotion qu'il entendait sans doute solliciter avec Yannick, Quentin Dupieux ne s'est jamais montré aussi pessimiste quant à l'état du monde dans lequel il évolue.
De quoi presque regretter ses univers décalés et ses « no reason »...
Behind_the_Mask, qui utilise lui aussi des mots de passe louches pour verrouiller son PC.
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Créée
le 11 août 2023
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