Je suis un bon client des films de Quentin Dupieux. Ce n’est pas très original, mais je ne suis pas spécialement quelqu’un d’innovant. Je suis donc allé voir avec un grand enthousiasme son 11ème film, Yannick. Assis devant l’écran, le film nous met devant une pièce de théâtre de boulevard jouée par deux comédiens et une comédienne dans un décor de cuisine légèrement triste. Placé comme spectateur de cette pièce, nous la subissons jusqu’à ce qu’un autre spectateur, proche de nous, l’interrompe en prenant la parole pour dire aux comédiens ce qu’il en pense. Et il n’en pense pas du bien.


Paf, le film commence. Quentin Dupieux enchaîne les messages comme un pratiquant d’arts martiaux. La lutte des classes. Le temps du spectacle comme moment suspendu. Le rôle du metteur en scène ou du spectateur dans un spectacle. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Pourquoi ? Et Pim, pour finir, le réel qui revient à la charge, un peu trop rapidement et un sentiment de trop peu qui s’installe.


En une heure, Quentin Dupieux parvient à nous transmettre une multitude de messages et d’émotions avec une économie de paroles, de gestes et une subtilité qui ferait du bien à de nombreux films. En une unité de temps, de lieu et d’action, qui incarne la force du théâtre classique, il déroule, sur le temps d’une (courte) pièce, un film qui n’oublie pas ce qu’il est. Gros plans, plans larges, hors champs, tout est utilisé pour susciter des sentiments et construire une histoire. Le temps est parfois dilaté, parfois compressé, toujours utilisé comme matière. Et même si la fin est un peu abrupte, elle a le mérite de faire preuve d'un parti pris et d’affirmer une idée.


Avec ce réalisateur, la règle du “une idée = un film” est toujours de mise. Ici aussi, pour quelque chose de différemment étrange par rapport à certains de ses anciens longs métrages. Probablement un peu moins drôle, mais extrêmement puissant dans sa manière de transmettre de multiples messages.


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ManuMcintosh
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le 23 août 2023

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