Qui sont les Yannick de nos vies ?

Un film de poche qui en dit long sur notre incapacité désormais assumée à mater un film français en entier. Ces comédies-dramatiques, inclassables tellement elles sont dénuées de fins réelles, où l’on a littéralement l’impression d’avoir couru un semi-marathon tant on s’est fait chier en regardant la cime des arbres pendant 2 heures.

« T’as dit ce que t’avais à dire ? Merci. Maintenant casse-toi et rideaux. » Une franchise admirable pour laquelle on remercie Dupieux. On ne peut s’empêcher de kiffer les « échanges » entre Yannick et les spectateurs représentant un microbiote de la société : la mère et son fils, le vieux bourgeois, les deux copines… Yannick les boîte un à un comme si Oizo s’exprimait à chacun d’entre nous.

Mais la question subsiste : est-ce réellement un échange ou un dialogue si l’un des deux a la capacité de tuer l’autre ? Le thème de la soumission et du consentement est ici abordé de manière à la fois sympathique et dérangeante. Qui sont les Yannick de nos vies ?

Bien que crédible dans le rôle de l’acteur de seconde zone qu’on trouve fort sympathique, dès que Pio Marmaï s’empare du flingue, et par extension, du feu des projecteurs, on prie rapidement pour que Quenard reprenne les commandes. Une belle illustration du syndrome de Stockholm, où l’on préfèrera toujours la petite grippe au choléra en matière de geôlier !

En outre des échanges lunaires entre le terroriste et ses proies, une myriade de petites vérités parsème le film, dont son propos premier : piégés sur un strapontin d’une pièce pourrie, ce qui nous est tous arrivé, autant qu’il y ait un Yannick pour tenter de nous divertir, arme à feu au poing ou non.