Il y a quelque chose de particulièrement plaisant à suivre la carrière d'un acteur sur la durée et ainsi pouvoir apprécier son évolution de films en films, voir comment son jeu change avec son physique et le passage du temps. Ce constat s'applique d'autant plus aux acteurs martiaux. Dans un univers où le physique est primordial, le poids des ans est d'autant plus délicat à gérer. Et voir un artiste martial s'affranchir de ce fardeau pour continuer à pratiquer son art sur les écrans en est d'autant plus réjouissant. Yasuaki Kurata est de cette trempe là.
Actif depuis plus de 30 ans, l'acteur Japonais ne s'est jamais dégonflé. Quelque soit son âge, il a traversé avec classe et puissance tous les films auxquels il a participé. Cela n'a d'ailleurs pas été toujours facile au vu des quelques nanars qui émaillent sa filmographie. Fort de cet indéniable talent, Kurata a cherché à se mettre en valeur lui même en produisant un Bloodfight de bien triste mémoire. L'homme est un bien meilleur acteur martial que producteur. Pourtant, il récidive en 2003 avec ce Yellow Dragon.

L'histoire de cette production Kurata se rapproche beaucoup d'un autre film d'action Nippon sorti l'année précédente à savoir Muscle Heat. On retrouve dans les deux métrages cette idée, assez éculée il faut bien le dire, d'une drogue capable de multiplier la force de ceux qui la prennent. Mais le traitement qui est fait de ce postulat de départ diffère grandement entre les deux films.
Muscle Heat essayait de construire un univers d'anticipation et se servait de la drogue pour pimenter une histoire de tournoi d'arts martiaux classique, maintes fois vue à diverses variations près dans des séries B US (ou même Hong Kongaises comme le Superfight de Tony Leung Siu Hung). Yellow Dragon s'avère un poil plus original. Le film se déroule dans un contexte contemporain (voir le flashback au Vietnam) entre le Japon et la Chine, tirant autant que possible avantage d'un budget qu'on devine réduit (le tournage à la DV le trahit immédiatement). Ici, la drogue sert de prétexte pour mettre en place une course/poursuite où l'antidote, en la personne de la jeune Maki Miyamoto, fait office de Mac Guffin de service. Chaque camp s'oppose pour sa possession, permettant au passage de fournir les nombreux combats réclamés par l'amateur d'action. Ca sent bon le prétexte mais le scénario se fend tout de même de quelques petites séquences dramatiques et intimistes qui permettent un minimum d'implication dans le récit. De la part d'une petite série B de ce calibre, c'est un effort appréciable. La réalisation et la musique correcte renforcent également le sentiment d'avoir affaire à un petit film efficace qui cherche à divertir honnêtement son public.

Bien plus que par son scénario, Yellow Dragon atteint ce but grâce à ses séquences d'action bien troussées. Le mérite en revient essentiellement à Philip Kwok et son équipe. Habitués du genre, ils élaborent des chorégraphies rapides et spectaculaires à souhait. On y retrouve un certain rythme et un certain savoir faire qui n'est pas loin des productions de l'ex-colonie Britannique du début des années 90. De bonnes références donc. La qualité des chorégraphies et sa bonne exécution fera aisément oublier les quelques fautes de goût présentes (décor de studio même pas camouflé pour le premier affrontement, quelques câbles un peu superflues).
Au sein d'un casting martial composé essentiellement de nouveaux venus ou de quasi inconnus (plutôt talentueux dans l'art du combat, il faut reconnaître), c'est l'immense Kurata qui domine. Pourtant âgé de plus de 50 ans, l'acteur Japonais se dépense comme un beau diable, enchaînant les coups de pied puissants en rafale comme s'il n'avait pas changé d'un poil depuis Heroes Of The East ! C'est peu dire que ça fait plaisir à voir.

Pour une petite série B, Yellow Dragon ne démérite pas. Il nous donne à voir de jolis combats sans trop de temps morts ni distractions superflues. Et surtout, il permet d'apprécier à quel point Yasuaki Kurata est (et non pas « a été ») un des meilleurs artistes martiaux Nippons. C'est déjà beaucoup pour un film à petit budget !
Palplathune
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le 26 févr. 2011

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