Young ones est un film bien étrange. Situé au carrefour du film de SF, du western, du ciné indé et du blockbuster, il mixe les codes de ces différentes univers mais, hélas, emprunte en même temps une tripotée de leurs défauts respectifs.
On aurait adoré l’aimer, on est contraint de (sérieusement) chipoter.
Temps bête dans un verre d’eau
L’impression que Jake Paltrow ne parvient jamais vraiment se définir est évidente dans sa façon même de réaliser. Des tas de figures de styles sont utilisées, mais sans réelle cohérence. A un générique de début aride succèdera un générique de fin à la limite du kitch. Certains cuts extrêmes brutaux sont contrebalancés par des fondus successifs parfois indigestes.
Un plan résume parfaitement ce cul-entre-deux-chaises permanent.
D’un écran parfaitement noir, la caméra contre-zoome pour nous extraire de l’œil d’un garçon, et toujours en reculant, nous montre le plan d’ensemble d’une famille assistant à une cérémonie (je n’en dit pas trop) pour finir par être la scène qu’une infirme consulte sur l’équivalent d’une tablette. Ou est la cohérence dans tout ça ? Qui aurait pu filmer une telle séquence ?
Orage, eau des espoirs
Malheureusement, la seule unité de ton se situe dans un scénario lui-même à la recherche d’un rythme que le découpage en chapitre ne parvient jamais à établir (et donc raccord avec la réalisation erratique). Certains moments clefs de l’histoire sont traités avec une rapidité confondante, rendant le récit difficilement déchiffrable, alors que d’autres, évidents, sont distendus avec ostentation.
Quand Jerome découvre par l’équivalent d’une caméra de surveillance la vérité sur le destin tragique d’un de ses proches (idem, je cherche à ne pas spoiler), la scène (outre une double perspective incongrue) s’étale avec une longueur d’autant plus inutile que nous avons déjà assisté à la majorité des images projetées.
Certaines idées farfelues ne sont pas suffisamment ancrées pour ne pas paraitre totalement gratuites, comme ces policiers de la frontière juchés sur des échasses (quoi de plus facile à faire tomber ?). En creusant un peu, on peut d’ailleurs relever une foultitude de petites incohérences. Si on assiste au spectacle d’un âne, un robot et un bad guy qui se cassent tour à tour une jambe, on peut affirmer que l’ensemble ne casse pas trois pattes à un connard.*
(Et puis il y des choses qui ne passent pas, de notre côté de l’Atlantique: nommer un de ses personnages Flem Lever. Franchement. Ils voulaient pas ajouter « de se » au milieu, tant qu’ils y étaient ?)
blanc-bec dans l'eau
Tout ceci est fort dommage car le film avait beaucoup à proposer, et ne rate pas toutes ses cibles. Sa relative originalité, son ambiance spécifique, ses quelques plans saisissants, sa distribution agréable (même si les personnages féminins sont totalement inexistants et inconsistants) pouvaient en faire une œuvre importante pour redonner de l’oxygène à une production à cours de tout sauf de budget.
C’est en partie raté, mais on ne peut qu’avoir envie d’encourager ce genre d’effort.
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(* ce mauvais jeu de mot pourra être retrouvé chez Kenshin, mais la paternité du calembour étant commune, nous pouvions l’utiliser l’un et l’autre)