A nos corps dépendants
Question : que dire d’un film qu’on a pas entièrement compris ? Option N°1, dite du melon : c’est n’importe quoi, ça ne veut rien dire. Option N°2, dite de l’humble : je suis limité...
le 9 févr. 2017
139 j'aime
23
Ce sentiment de vide, cette présence qui vous manque alors que vous ne savez pas la nommer ... Qui donc n'a jamais ressenti ça...?
Et oui, Makoto Shinkai nous offre avec ce long métrage un voyage lyrique, à la beauté incroyable et il est difficile de contredire ceci, même lorsque l'animation ne nous parle pas forcément.
Partant pourtant d'un scénario qui , dans les grandes lignes, semble plutôt banal et convenu (une jeune fille échange son corps régulièrement avec un garçon, tous les deux vivants loin l'un de l'autre), le tout qui, pourrait sembler sans surprise, devient en réalité quelque chose d’inattendu et de captivant, et ce grâce à une narration parfaite offrant plusieurs rebondissements narrés d'une main de maître. Car oui, la première force de ce film est sa narration : rythmée et cohérente. L'histoire évolue petit à petit pour nous amener à une première conclusion très touchante, qui ne laisse guère le spectateur de marbre. Pourtant, loin d'être en réalité terminé, le film continue son ascension narrative pour emmener le spectateur vers une autre attente, qui, précédée par le premier dénouement, n'en devient que plus essentielle et émouvante. Tout en crescendo, la narration est parfaitement maîtrisée, elle ne laisse presque rien au hasard et c'est déjà indéniablement la marque d'un très bon film.
Une autre force majeure de ce long-métrage est l'émotion qu'il véhicule. Difficile de rester insensible à ce qui se passe sous nos yeux, tant les personnages sont attachants grâce à une écriture parfaite et une mise en scène de ces derniers quasi irréprochable. Se complétant tous les deux, ces derniers offrent au spectateur un voyage émotionnel fort mais jamais tire-larmes ou niais à outrance. Le tout est savamment dosé, alternant des scènes drôles et d'autres tristes et touchantes. Mais le vrai coup de maître est que, malgré un scénario qui relève du fantastique, le tout résonne en nous. Les sentiments que ressentent les personnages, leurs doutes, leurs espoirs... tout est un miroir de ce que chacun a pu/ peut penser des relations avec autrui et plus particulièrement de la relation amoureuse. Car oui, ce film traite essentiellement d'un amour qui naît entre deux personnes qui ne se connaissent pas. Même si les circonstances propres au scénario du film rendent le tout relevant du fantastique, les grandes idées véhiculées par le film sont en réalité ancrées en chacun de nous. Est-ce que la bonne personne existe ? Comment la trouver ? Pourrais-je la reconnaître si elle se présente à moi ? Car c'est aussi de ça dont parle le film, au delà du scénario pris dans son sens premier, de cette recherche de l'être aimé, qui peut durer toute une vie.
Enfin, comment parler de Makoto Shinkai sans parler de son talent concernant l'aspect purement visuel ? Ainsi, il est possible de dire que Your Name est une véritable claque pour les yeux. Personnellement, je préfère l'animation japonaise traditionnelle, en particulier celle des années 90, mais Makoto Shinkai m'a fait me réconcilier avec l'animation numérique en 3D car l'esthétique et le travail visuel de tous ses films précédents (courts et longs métrages) était parfaite. Mais là, on est encore à un autre niveau. (Si si, c'est possible.) S'attardant comme à son habitude sur des détails de la nature (une goutte d'eau, les rayons du soleil se reflétant dans une vitre...), sur un visage, un objet, un vêtement, l'ambiance est soignée, étudiée et très belle, rien n'est laissé au hasard mais tout s'enchaîne parfaitement, le plus naturellement possible. De plus, mention spéciale à un passage du film qui a lieu dans un style plus crayonné, d'une beauté juste époustouflante. Ainsi, cette même beauté visuelle sert l'histoire et la mise en scène brillamment, sans aucun ratés, transportant le spectateur qui ne peut qu'apprécier l'art de Makoto Shinkai.
Néanmoins, j'ai quelques (très) légers regrets : l'OST est un peu trop timide à mon goût, je ne garde aucuns souvenirs de cette dernière et c'est assez dommage puisque pour moi une bande son est très importante dans une oeuvre. De plus, j'ai trouvé la toute fin un peu trop entendue mais honnêtement, on oublie vite ceci car le cheminement pour y parvenir est ce qui est vraiment important dans ce film.
Ainsi, Makoto Shinkai nous offre un sublime film d'animation et, de façon générale, un très bon film. Les personnages se rencontrent, s'oublient, et rêvent, mais les spectateurs aussi devant la beauté visuelle du film, son histoire touchante et sa mise scène parfaite qui ne laisse aucun blancs et qui abandonne le spectateur dans une rêverie profonde. Ainsi ce dernier ne peut, à la sortie de la salle, qu'en redemander.
Un film qui ne s'oubliera pas de si vite pour ceux qui ont aimé ce voyage onirique à la beauté époustouflante.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 9 déc. 2016
Critique lue 890 fois
4 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Your Name.
Question : que dire d’un film qu’on a pas entièrement compris ? Option N°1, dite du melon : c’est n’importe quoi, ça ne veut rien dire. Option N°2, dite de l’humble : je suis limité...
le 9 févr. 2017
139 j'aime
23
Romantique, mélancolique, lyrique, Makoto Shinkai est un peu tout cela à la fois. Mais de manière un peu trompeuse, à vrai dire. Ses moyens métrages répondent à l'ensemble de ces canons, tant 5...
le 3 déc. 2017
127 j'aime
19
13 Janvier 2017....une journée qui commençait comme toutes les autres, ordinaire, j'avais enfin ce jour là l'occasion tant attendue d'aller voir Your Name, dernier long métrage en date. Succès...
le 14 janv. 2017
89 j'aime
35
Du même critique
Ce sentiment de vide, cette présence qui vous manque alors que vous ne savez pas la nommer ... Qui donc n'a jamais ressenti ça...? Et oui, Makoto Shinkai nous offre avec ce long métrage un voyage...
Par
le 9 déc. 2016
4 j'aime
2
Aaah Gintama... ce petit bijou audacieux à l'image d'Hideaki Sorachi, son créateur qui n'hésite pas à flirter avec la limite de la décence, qui parodie sans vergogne ses confrères du Jump Magazine...
Par
le 15 janv. 2017
4 j'aime
Suite à ma déception il y a une décennie à la sortie du film Le Vent se lève, c'est avec réticence que je suis allée à l'avant-première du Garçon et le Héron.Quelle déception !! Scénario brouillon,...
Par
le 31 oct. 2023
2 j'aime