L'intrigue se passe dans un pays non identifié mais qui rappelle étrangement la Grèce. Un dirigeant sans nom y conduit un mouvement d'opposition quelconque qui pourrait bien être le parti communiste.
La façon implicite dont les auteurs s'inspirent de cette affaire politique grecque marque la volonté de Costa-Gavras et Jorge Semprun d'aller au-delà de l'anecdote et de décrire un mécanisme politique dans ses généralités.
Un cas d'école, en somme, à travers lequel le cinéaste présente une démocratie minée de l'intérieur par le totalitarisme latent de quelques hauts fonctionnaires ou officiers généraux. L'assassinat, à la sortie d'un meeting, du chef de l'opposition est le début d'une affaire et d'un scandale au long desquels Costa-Gavras dénonce l'action occulte et anticonstitutionnelle de dignitaires fachisant du régime. Comme pour un polar, un juge d'instruction mène l'enquête et ouvre la boîte de Pandore.
Le rôle du député Z, confié à Yves Montand, est nécessairement court et l'acteur fait comme une pige, pour la cause. C'est Jean-Louis Trintignant qui conduit ce récit traversé par nombres de visages connus, un récit que j'ai trouvé moins haletant que convenu.
En effet, le film a franchement vieilli. Dans leur souci de vulgarisation politique, les auteurs sont tombés dans une simplification qui confine parfois à la caricature. Fallait-il que le public fût bien candide ou peu informé pour que Costa-Gavras, malgré la justesse des arguments, en oublie à ce point rigueur et même vraisemblance? Et puis, il y a tout au long du film cette résonnance un peu fausse qu'introduisent des personnages francisés par les comédiens, voire franchouillards.