Qu'il soit vu comme une déambulation romantique et érotisée hors de la civilisation, dans un désert fantasmé, ou comme un pur objet politique, Zabriskie Point est aussi fascinant qu'il ne laisse, du moins à mon palet après un premier visionnage, un fort goût d'abscons, voir de propos fort et complexe ne se développant pas jusqu'au bout, comme s'égarant en chemin.
En tant qu'objet politique contestataire il est d'un pessimisme terrible, touchant au nihilisme : l'engagement politique de cette jeunesse ne peut que lui être fatal, y compris si elle ne va pas au bout de sa démarche. Pire, si elle ne s'engage pas son sort ne sera guère meilleur, menant tout de même à l'action d'une manière ou d'une autre.
Mourir après avoir agit ou agir après être un peu mort.
Antonioni instaure comme toujours une réalisation minimaliste dans son montage, mais époustouflante concernant la construction de ses plans, paysages de l'ouest à couper le souffle, mouvements de caméra lents, sobres et en même temps très travaillés, voir alambiqués.
Pour son premier film étasunien il reprend à son compte toute la mythologie du genre le plus emblématique du cinéma hollywoodien pour la mettre au service d'une déconstruction, littéralement explosive, du rêve consumériste américain.