Et Antonioni découvrit l'Amérique !
Réalisé en 1969, pendant et après les révoltes estudiantines, Zabriskie Point se veut le portrait de l'Amérique et de ses mythes. Loin de son Italie natale, les défauts, déjà patents auparavant, du cinéaste s'accentue: chaque scène vient illustrer de manière lourde un point de vue particulier. Par exemple, la première scène (la réunion des étudiants) dans laquelle personne ne se comprend illustre le thème antoninien de l'incommunicabilité. Le centre de Zabriskie illustre une sorte de paradis perdu; etc....On pourrait cumuler toutes les scènes du film (celle du vieux boxeur, du flic inculte, de la présence de la pub, de l'avion, de l'explosion finale...) et montrer qu'elles viennent illustrer lourdement à chaque fois un point de vue assez banal sur la société et le mythe américains. Mais l'accumulation de poncifs, déclamés avec componction, n'a jamais fait un grand film, sauf aux yeux d'un public qui recherche avant tout un sentiment d'intelligence plus que l'intelligence et l'émotion en elles-même. La solennité des images (qui peuvent impressionner) participe d'ailleurs à ce sentiment de gravité du propos. Dans Zabriskie Point, les personnages, pures prétextes à la démonstration, sont exsangues et n'ont aucune vérité psychologique ou sociale. La bande originale est sans doute la meilleure, voire la seule raison, de voir ce film.