Très gros échec commercial, « Zaï Zaï Zaï Zaï » aurait pourtant mérité un autre destin, même si tout n'est pas parfait, loin de là. Visiblement boudé par les fans de la bande-dessinée signée FabCaro comme les amateurs de comédie, le film parvient pourtant à se distinguer du tout-venant hexagonal, si souvent convenu et prévisible. Autant l'écrire tout de suite : si vous n'aimez pas l'humour absurde, abstenez-vous car cela risque de devenir un calvaire. Pour les autres, cette course-poursuite délirante amuse, jouant constamment sur le décalage en poussant assez loin ses dialogues et situations nous emmenant vers des péripéties sympathiques, souvent folles et légèrement grinçantes, miroir déformant mais plutôt pertinent de notre société.

Tout le monde en prend gentiment pour son grade (le milieu cinématographique, la prétendue élite culturelle, la gauche, la droite, la police, la justice), surtout les médias et leur traitement « légèrement » hystérique de l'information, ce lynchage d'un homme illustrant assez bien le manque de nuances, de débats constructifs et plus généralement le manque d'intelligence avec lequel l'information est (beaucoup) trop souvent traitée, le tout dans une logique de surconsommation presque effrayante. Après, ce n'est malheureusement un peu que ça. Si on sourit souvent, on rit rarement. Ce qui fonctionnait sans doute formidablement en planche est moins efficace sur grand écran. François Desagnat a du mal à trouver l'équilibre entre le « parcours » de son héros et tout ce qui se passe autour de lui, à l'image de certaines scènes ne fonctionnant pas très bien, voire un peu lourdes.

On approfondit vraiment aucun sujet, on balance mais ça ne va pas beaucoup plus loin, la satire restant finalement assez indulgente, comme si on voulait ne se fâcher avec personne. Mais après tout, peut-être n'était-ce pas le but principal. Le réalisateur a l'intelligence de faire court, si bien que la comédie se regarde sans passion, mais sans aucun ennui. J'ai passé un bon moment, et même si tout cela peut paraître au fond un peu futile, ne serait-ce que pour quelques mises en abyme répliques, scènes et allusions bien vues sur « cirque médiatique contemporain » (le clip humaniste, peut-être le meilleur moment), on peut volontiers passer une tête en salle, surtout en aussi bonne compagnie, premiers comme seconds, voire troisièmes rôles. Plaisant.

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le 27 août 2022

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Caine78

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