Lumineuse et volontaire, voilà Zaneta. Moteur d'un film brut qui réussit à évoquer la situation des Roms en République Tchèque sans aucun misérabilisme, le personnage de Zaneta est une force qui avance et ne renonce pas.
Alors qu'on pourrait penser aux Dardenne, on est finalement plus proche du cinéma italien des années 50 et 60. Aussi frêle que solide, puissante et charismatique, Klaudia Dudova est une Anna Magnani, une Silvana Mangano, une source de vie.
Dès lors, tout ce qui pourrait sembler trop systématique (mais à connaître l'acharnement contre les Roms en France, on imagine aisément que ce n'est pas mieux ailleurs) est relégué au second plan, tant c'est la trajectoire de Zaneta qui importe. Décidée à ne pas se laisser aller à l'illégalité, rejetant son compagnon alors qu'il se démène (mal) entre d'obscurs usuriers et un système social qui le rejette, elle affronte l'adversité avec une sorte d'arrogance salutaire.
On mesure cependant de quelle manière la République Tchèque et la Slovaquie ont évolué depuis la chute du totalitarisme. Alors que la belle-mère de Zaneta regrette l'ère communiste (où tout était gratuit), on comprend bien que les Roms n'ont pas tiré bénéfice du passage au libéralisme.
Si la situation est précaire, Zaneta n'oublie pas de vivre. Elle veut vivre avant tout, s'amuser, ne pas se résigner. Zaneta est un film finalement assez apaisant, très lumineux, chaleureux. On n'oubliera pas certains échanges entre Zaneta et sa fille, sa sœur, sa collègue, son père.
On n'oubliera pas le regard de Zaneta, doux et puissant, félin, comme du velours.