Afrique,19e Siècle.Maki,un enfant soudanais,fait partie d'un groupe de villageois enlevés par de méchants esclavagistes blancs.Il parvient à s'échapper et copine avec une bande de girafes mais il est poursuivi par ses ravisseurs qui tuent la maman girafe.Là on pleure,c'est horrible,on se croirait dans "Bambi",et le gamin promet à l'animal,bien qu'il soit mort et peu en état de l'entendre,qu'il protègera son girafon.C'est alors que surgit Hassan,un bédouin qui se balade dans le désert,qui sauve Maki de ses geôliers mais capture la girafe,qu'il nomme Zarafa,girafe en arabe,dans le but de la livrer au pacha d'Alexandrie qui lui a passé commande de la bestiole.Mais le môme,plus collant qu'un papier tue-mouches,plus têtu qu'une mule et plus con que sa bite,ne l'entend pas de cette oreille et s'accroche au mec en essayant régulièrement de lui dérober Zarafa pour la ramener au pays.Mais ça ne marche pas et,après de nombreuses aventures,la bête au long cou se retrouvera enfermée au Jardin des Plantes à Paris.C'est encore un film tiré d'une histoire vraie,mais alors "très librement inspiré" comme ils disent.Effectivement,en 1827,le vice-roi d'Egypte Méhémet Ali a bien offert une girafe,la première à arriver en France,au roi Charles X,et l'animal a bien été parqué au Jardin des Plantes sous la responsabilité du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire et nourrie avec du lait de vache,ce qui lui sera d'ailleurs fatal puisqu'elle mourra de tuberculose bovine après 18 ans de captivité.Tout ceci est vrai,tout le reste raconte de la merde.Zarafa n'a jamais voyagé en montgolfière,il n'y avait pas d'enfant noir ni d'Hassan car la girafe avait été offerte à Ali par un seigneur soudanais,et Saint-Hilaire a pris livraison du cadeau à Marseille et accompagné le transport jusqu'à Paris avec une escorte de gendarmes.Mais Rémi Bezançon,excellent cinéaste live dont on se demande ce qu'il est venu foutre dans cette galère,a décidé de nous infliger un joli exercice de propagande progressiste mensongère,ce qui est un pléonasme.Il a coécrit le scénario avec Alexander Abela,ne pas confondre avec Alexandre Benalla,et coréalisé avec Jean-Christophe Lie,qui s'est plus particulièrement chargé de la partie animation,qui est du reste médiocre.Le graphisme est assez bizarre avec des personnages complètement foireux et des décors,notamment les bâtiments,très beaux.Quant à la vérité historique,elle est décidément bien malmenée avec ces salauds d'occidentaux kidnappant de pauvres africains pour les revendre à de riches bourgeois parisiens qui les font trimer dur sans salaire.Mais bien sûr,il parait même qu'il y en a qui les bouffaient.Heureusement,les gentils arabes et les gentils pirates sont là pour prendre soin des opprimés.Disons que cette vision de la traite négrière est au minimum fantaisiste et orientée,et que dans la réalité,même si les européens sont loin d'être innocents dans cette horrible pratique,la responsabilité des arabo-musulmans et aussi de certains dirigeants d'Afrique noire est gravement engagée,mais ça on préfère l'ignorer,ce n'est pas dans le vent qui vient actuellement du Sud.Sinon le film,en dépit de ses nombreux rebondissements,se traîne étrangement au point que les auteurs en sont réduits à nous fourguer des dessins de leur story-board ou à faire raconter ce qui se passe à intervalles réguliers par un vieil africain qui narre les évènements à un groupe d'enfants,ce qui ralentit une action déjà pas très rythmée.Certes,il y a une sorte de twist final qui justifie ces interventions intempestives mais en attendant elles nous auront bien fait chier.Les personnages,eux,sont tous stupides ou antipathiques,notamment le jeune héros,un taré de première classe obsédé par sa promesse et sa girafe,qui est prêt à abandonner sa petite copine et à laisser massacrer la population d'Alexandrie pour tenir sa parole,tandis que ses compagnons font preuve avec lui d'une patience et d'une indulgence coupables tant il est insupportablement abruti.Quelques scènes amusantes cependant dans la partie parisienne où l'on se moque cruellement de Charles X,adipeux et inculte,ou de français pas très ouverts ni sympathiques.Geoffroy Saint-Hilaire,éminent scientifique originaire d'Etampes,a dans cette ville une place à son nom,juste devant le joli petit théâtre local,sur laquelle trône sa statue,qui aux dernières nouvelles n'a pas encore été déboulonnée.