Après la très bonne surprise Démineurs, Kathryn Bigelow était très attendue par les cinéphiles du monde entier sur son film suivant, très vite annoncée comme le récit de la traque de Ben Laden.
En ne suivant qu’une seule héroïne (l’admirable Jessica Chastain, qui parvient totalement à incarner ce mélange de dureté et d’humanité), de son arrivée en Afghanistan à la fin de la traque, Kathryn Bigelow réussit un tour de force. En effet, cette métonymie est de très loin la plus grosse qualité du film. En voyant les personnages défiler autour de Maya, l’impression du temps qui passe n’en est que plus forte. C’est d’ailleurs le vrai thème du film : le temps que prend une traque, matérialisé dans son troisième acte par les chiffres sur la porte de Mark Strong. Peu de scènes d’action pendant les deux premières heures à signaler, ce qui intéresse Kathryn Bigelow, ce sont les fausses pistes envoyées par cette hydre qu’est Al-Qaïda. Pour ce faire, la réalisatrice utilise un casting exceptionnel, dont la plupart ne font qu’une ou deux scènes, comme James Gandolfini, Frank Grillo, Harold Perrineau ou Taylor Kinney. Le casting principal n’est composé que de 4 acteurs, tous aussi bons les uns que les autres (Jessica Chastain, Jennifer Ehle, Jason Clarke & Fares Fares). De plus, Bigelow parvient aussi à instaurer un climat de tension incroyable, où chaque scène est anxiogène et où on s’attend à voir une voiture exploser. Que dire de l’assaut final, virtuose, passionnant et surtout d’un réalisme incroyable ? D’aucuns critiqueront son côté très graphique, avec des tortures retranscrites à l’écran et une émotion très américaine au moment de la capture de Ben Laden. Quant au dernier plan, il se place dans une logique tout aussi américaine : la mission accomplie, 10 ans d’une vie enfin conclus avec réussite… Le film reste néanmoins cohérent avec son idéologie.
Magnifié par une musique particulièrement réussie d’Alexandre Desplat, Zero Dark Thirty est un grand film, important et incroyablement divertissant. Voilà une nouvelle réussite pour Kathryn Bigelow.