Zéro de conduite par ghyom
Difficile pour moi de noter ce film. La forme est rudimentaire et maladroite. Elle m'a vraiment gâchée le film. Film muet sur lequel on plaque un son qui ne colle pas à l'image, cuts abruptes, dialogues hors-champs, panoramiques inutiles et alternances de film résolument muet (allant jusqu'à l'hommage à Chaplin) et d'un film faussement parlant qui donnent un effet bancale au film. Quand on compare à des films comme Scarface ou Liebelei réalisés un an avant, Zéro de conduite semble techniquement extrêmement fruste et amateur.
Le fond en revanche se révèle plus riche qu'un simple film sur la vie d'élèves dans un internat. Plus qu'un film nostalgique comme "Les Choristes" ou équivalent, plus qu'une remise en cause du système éducatif comme "Le Cercle des poètes disparus", c'est avant tout un film libertaire, c'est tout l'establishement social, les systèmes hiérarchiques et le patriarcat que Vigo remet en cause et moque à travers les professeurs stricts et sans fantaisie et ce directeur ridiculisé par le choix de son acteur. Alors oui ce film n'a forcément plus la même force qu'à l'époque mais il n'en dit finalement pas moins sur la société que "Les Temps Modernes" de Chaplin ou que "Boudu sauvé des eaux".
En fait, je crois que ce film aurait sans doute gagné à être muet avec quelques cartons car il a été, je pense, écrit et pensé comme un film muet. Vigo a ainsi un sens du visuel riche de sens. Le plan dessiné des élèves, le physique féminin de l'élève Tabard, sa forte "amitié" avec un autre élève, la caresse déplacée d'un professeur, le drapeau de la révolte, le sexe adolescent entraperçu, etc. Quelques plans suffisent à comprendre l'action sans même que les dialogues apportent quelque chose.
Bref un 5/10 qui aurait pu être 7 ou 8/10 si la technique avait été maîtrisée.