Beaucoup de question, aucune réponse
Terry Gilliam m'a toujours fasciné.
La plupart de ses films sont traversés par une folie réjouissante qui le met un peu à la marge de ses autres compagnons réalisateurs.
La vision de Gilliam est unique, débridée et totalement opposée à ce que nous propose le cinéma en ce moment.
Si on la compare à celle de "Her", autre proposition de Spike Jonze, celle de Gilliam pourrait être son jumeau maléfique.
Chez Jonze, tout est ordonné et réaliste alors que chez Gilliam tout est bordélique et fantaisiste.
Son futur sort tout droit d'une vision des années 70 psychédéliques et délirantes et pourtant on y retrouve beaucoup des inquiétudes du réalisateur ( monde despotique, atmosphère de fin du monde et solitude du personnage principal )
C'est presque le témoignage sur pellicule d'une époque révolue et pourtant... Pourtant, il est aussi le témoin de notre époque.
Si dans "Brazil", on est surveillé par un big brother tyrannique, ici le big brother n'est plus un chef d'état mais un grand entrepreneur qui n'a plus besoin de tuer les personnages qui le gêne mais les vire tout simplement.
Le monde est barré mais parfois terriblement réaliste par certaines "valeurs".
Reste que si le côté foutraque et désordonné des films de Gilliam est une de ses grandes qualités, il est aussi paradoxalement son plus grand défaut.
Un défaut qu'on retrouve très largement dans ce film et notamment dans sa résolution.
C'est assez frustrant de voir que si le film réussit parfaitement à créer un univers, mettre en place des enjeux et des personnages ( merveilleusement interprétés par la totalité des acteurs ) , il se casse complètement la figure au moment des explications ou autres révélations.
Quid du personnage de Bob ? Que représente t'il ? Que veut dire réellement sa maladie ? Juste de la fatigue ?
Et Bainsley ? est ce vraiment un instrument ? sa relation est elle sincère ?
Et ce Theoreme zero ? Quel est le but ? Pourquoi ?
Et au final, le Management , c'est quoi son trip ?
En somme vous ressortirez avec plus de questions que de réponses. On peut clairement se passer de certaines d'entres elles mais pour la plupart, ça donne surtout une impression de non fini.
Alors ouais, je suis peut être généreux avec mon 7 mais au final y a beaucoup de choses qui fonctionnent dans ce film.
C'est agréable de voir un cinéaste qui continue inlassablement à marcher en dehors des clous et des règles qu'on veut bien lui imposer.
Un peu comme son personnage principal, il est un peu seul dans son trip et part parfois dans de mauvaise direction mais une chose est sûre, quand Gilliam quittera vraiment la caméra, il me manquera le bougre.