Terry Gilliam qui remet le pied à l'étrier de la SF, je ne pouvais pas passer à côté. Une fois la séance achevée, je me suis retrouvé bien en peine de démêler mes impressions sur ce Zero Theorem. Un peu vain, enfonçant les portes ouvertes du sous-genre dystopique, mais délicieusement Gilliamesque, qui fait qu'on lui pardonne beaucoup.
Car c'est avec un plaisir non feint qu'on retrouve cet univers crasseux et bariolé, dans un éternel lent roulis de caméra rehaussant le bazar continuel qui habite chaque plan. Cette Londres impersonnelle (ou les Twizy ont enfin trouvé un débouché commercial ! Bravo Renault) aux couleurs publicitaires agressives ; cette église miteuse réagencée en squat sordide et grandiloquent (Construire un lit à partir de tuyaux d'orgues, le responsable des décors s'est manifestement éclaté)... Gourmandise visuelle.
On retrouve aussi le tempérament dénonciateur - au ton quasi infantile - de Terry Gilliam à fustiger l'hyper-capitalisme et la puissance écrasante d'une administration kafkaïenne, parsemée d'une critique rigolarde d'une époque hyperconnectée, noyée dans une ultra moderne solitude (La scène de la fête où chacun danse branché à sa tablette en est le parangon).
Là où Zero Theorem pêche, c'est dans son scénario qui peine à lier tous ces thèmes, malgré le personnage incarné par un excellent Christoph Waltz censé être le pont entre toutes ces idées jetées presque négligemment au spectateur. L'histoire oscille entre une parodie de 1984, une histoire d'amour 2.0 (à laquelle j'ai eu du mal à adhérer), une parabole désespérante sur le sens de la vie... Le tout donne un film bizarrement linéaire et foutraque à la fois dans son cap, son déroulé, son débouché... Dommage.