La pénurie estivale, quasiment devenue légende en ces temps de carte illimitée, pousse malgré tout à des extrémités confinant à l’inavouable.
Preuve en est ce visionnage de Zombeavers, que l’on espérait honnête nanar décomplexé et assumé, mais qui se révèle in fine un peu timide, fort limité dans son originalité et peinant à cacher un regrettable manque de substance derrière ses rachitiques 74 minutes.
Ce dernier argument plaidait plutôt en sa faveur en ce qui me concerne : j’attendais une débauche d’hémoglobine et de jolies marionnettes, le tout follement rythmé eût égard à la brièveté de la péloche. D’hémoglobine il y a profusion, et même quelques boobs et du sexe adolescent-ou-presque pour respecter les quotas du genre, mais les marionnettes moches-exprès agacent assez vite, et le rythme s’essouffle bien trop rapidement également, pour livrer un cheminement ultra convenu.
Ni hommage ni parodie, Zombeavers lorgne du côté d’une mouvance surexploitée ces derniers temps : le nanar volontaire. C’est facile, ça se bouffe comme du McDo (et à peu près aussi vite), avec une satisfaction immédiate raisonnable, mais comme du McDo il n’en reste pas grand-chose deux heures après. On reste sur sa faim et très franchement même pour du fast food il y a mieux.
Cela débutait pourtant pas mal, avec un générique fort sympathique, promesse visuelle et scénaristique. C’est propre, c’est direct. Balancez la sauce ! L’intro voudrait d’ailleurs nous faire croire que le métrage sera efficace : la scène d’exposition décrivant la genèse des castors prend environ 5 minutes, avec un humour trash bien dosé et un enchaînement improbable d’événements comme il convient. Il y aura d’ailleurs un petit twist final en clin d’œil à ladite intro, mais je m’en voudrais de vous spoiler un tel génie. Non en vrai c’est drôle, simplement je n’irais pas jusqu’à vous conseiller de voir le film juste pour ça.
Passé ce moment, on s’embourbe assez vite dans le cortège de clichés pas très réjouissants, ni mis au goût du jour ni intégrés avec grand talent. Hormis l’ordre des morts vaguement chamboulé par rapport à nos prévisions (ma chérie et moi-même), Rubin fait le job sans grand enthousiasme, enfilant les perles des démembrements successifs en tout genre sur le fil ténu d’un huis clos pas tellement étouffant.
Je reprends souvent cet exemple parce que c’est sans doute le plus marquant pour moi, au moins dans le cinéma récent : Conjuring. James Wan a eu l’intelligence de rendre un hommage marqué au genre de la maison hantée, mais d’une part il y a laissé son empreinte, affirmé son style, d’autre part le film était relativement irréprochable esthétiquement et techniquement parlant. Ce seul formalisme justifierait déjà, à mon sens, de considérer l’œuvre avec respect, sinon admiration.
Dans le cas de Zombeavers, c’est la tiédeur et le manque d’audace qui prédominent. Alors l’on pourra certes arguer du manque de moyen, du film de potes (j’extrapole sur ce dernier point), il n’en reste pas moins que le résultat est décevant à plus d’un titre, tant transpire l’obsession de s’en tenir à un cahier des charges éculé et malheureusement maigrichon, ainsi qu’un manque criant d’imagination sorti du concept initial (et encore, avec l’actuelle mode des zombies, on ne peut même pas vraiment dire que ce soit très osé).
Bref, les atouts majeurs du film sont : des seins (si vous y portez un quelconque intérêt) et une durée minime, qui permettra d’enchaîner sur quelque chose de plus consistant. Parce que le McDo, parfois on en a l’envie mais parfois il vaut peut-être mieux la réfréner aussi…