Salut toi,
Aujourd’hui je viens te causer de Zoolander 2. Tu penses que ça ne vaut pas le coup d’en parler ? Que c’est juste la comédie américaine débile du mois de mars ? Celle qui promet un joyeux casting mais qui n’a rien à offrir derrière, celle que tu n’as pas besoin de voir ? Tu as tord l’ami. Parce qu’aujourd’hui je viens te raconter l’histoire de l’auto-dérision.
Et ça commence en 2009, quand j’ai croisé la route de Gregg Araki. Lorsque les métros étaient hantés d’affiches roses et blanches, dans une ambiance infiniment pop, et que j’ai été voir Kaboom au cinéma. C’est là que ma passion pour le bonhomme a débuté et est restée inégalée depuis. Au détour des errances youtubiennes de mes dimanche pluvieux, je découvre une interview Blind-test du Monsieur, et ce dernier nous compte sa passion pour Dude Where Is my Car ? Un film bien tordu dans sa tête, sous couvert de comédie stupide avec les acteurs catchy de l’époque. Je me suis pris le second degré dans la face, et tout à coup, pleins de choses qui me semblaient idiotes sont devenues drôles. Parce que vois-tu, mon jeune ami, ce film n’a pas vocation d’être une œuvre d’art. C’est simplement un délire complètement dingue qui reprend les codes de la comédie américaine basique en y ajoutant une vision dérangée, alternative et nonsense. Et les petits coups de pieds dans la narration Hollywoodienne, ça fait sacrément du bien.
Sans avoir compris tout cela, je crois que je n’aurais pas apprécié Zoolander 2. Parce que si tu le regardes avec une vision premier degré, oui, ce n’est pas très bon, ni agréable. Mais si tu le visionnes en acceptant le parti pris de l’ironie Stillerienne alors comment te dire… Tu passes un sacré bon moment.
Dans Zoolander 2, Ben Stiller créé une réalité alternative dirigée par le monde de la mode (donc pas si alternative que ça). On suit les personnages à travers une enquête visant à comprendre :
Pourquoi toutes les pop-stars se font buter la tronche ?
Qui est responsable du kidnapping du fils du héros ?
Comédie sous couvert d’une enquête policière, le grand classique.
Déjà, le film s’ouvre sur la mort de Justin Bieber, dans un dernier effort pour caller un p’tit selfie des familles et choisir un filtre instagram. Ca se pose là dans la dérision. Et le reste est la quintessence de l’exagération. Tant dans la mise en scène, entraînée dans une tempête de plans iconiques, que dans le scénario, son absurdité, son rapport aux comportements de masse, sa narration prévisible et attendue. Stiller prend les codes à bout de bras, et les balance dans le fossé du mauvais goût pour en extraire le nectar du détournement. Il y ajoute des références culturelles accessibles et plutôt qualitatives (The Police, How I met your Mother…) et faire cuire l’ensemble dans le four de l’esthétisme bien foutu, avec des lumières vives, des couleurs presque criardes et un décor soigné. En parallèle, fidèle à sa lecture, il insère des installations cheap, des effets spéciaux que l’on ne se permettait même pas de faire dans les années 70, l’ensemble est volontairement grossier et ridicule.
Tout est assumé. Stiller veut te faire rire de tout, même, et surtout, de ta petite personne. A aucun moment le film ne se prend au sérieux. Les ressorts comiques sont basés sur des décalages, sur les capacités de chacun d’adhérer ou non aux références, de les assimiler et de s’en détacher. Et c’est en offrant ce mélange, de stupidité et de superficialité maîtrisées que Zoolander 2 devient drôle, frais, moqueur. On s’approche même du cynisme, tant la distribution et la communication qui entourent le film semblent s’adresser à une cible vaste, grand public. Sera-t-elle pour autant le détonateur de la prise de conscience ?