Cela fait quelques mois que j'ai vu ce film. Et pourtant, il continue de résonner dans ma tête. J'ai l'impression d'être un tas de sable dont Anthony Quinn et Alan Bates piétienent sans arrêt, remué, balayé dans tous les sens. Ou peut-être est-ce que j'ai trop bu la veille.
Toujours est-il que Zorba le Grec est prenant. De cette aventure en Crète, Basil, l'écrivain britannique en quête d'identité, retourne sur les terres ancestrales afin d'y mener une entreprise plus fructueuse que ses travaux écrits. Par une pluie battante, il rencontre un vieil homme au regard illuminé, Zorba, qui prétend connaître toute la Grèce car il a tout vécu. Ces familiers du voyage que l'on croise au moment le plus inattendu, ces légendes de la route qui romancent leurs anecdotes sous forme d'épopées herculéennes. Zorba va faire voir à Basil toutes les couleurs.
Ce guide auto-proclamé présente à l'écrivain la petite bourgade qui se situe à côté de sa future propriété. Un village sans histoires, où l'apparition d'une voiture, synonyme de luxe, attise la foule. La seule nouvelle du coin concerne la veuve qui a besoin d'être remariée. Avec un Grec, forcément.
L'idylle naissante entre la veuve et l'immigré anglais se soustrait heureusement à la relation entre lui et Zorba. Animé par sa narration tragicomique, Basil découvre un soir comment Zorba a perdu un de ses fils. Le vieux briscard, emporté par les faits, n'a d'autre moyen que de danser. Jusqu'à l'ivresse totale. Il ne sait pas s'exprimer autrement. Sans la danse, l'appel d'air n'est plus, et ses plaisirs n'auraient plus aucun sens.
Voilà ce qui fait la force de ce film. Un paradis grec, par ses plages, ses collines dorées par le soleil, ses forêts, et un personnage haut en couleurs qui, malgré tous ses échecs et ses égarements, apporte le sourire. Ce film est vivant. On parle, on hurle, on rit (et on peut pleurer). Sans verser dans le mélodrame, Zorba raconte avec une intensité inégalée son aventure. Et on écoute avec délice, jusqu'à ce qu'il nous soulève du siège pour nous inviter à danser, danser, danser, sans avoir peur de la gueule de bois le lendemain. Sur les plages chaudes de l'été.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.