Un petit film très riche et original
"Zorba le grec" est doté d'une âme. Film produit sur l'île de Crète avec la participation des habitants, produit en partie par Anthony Quinn, bercé par la musique endiablée de Theodorakis, difficile de ne pas succomber à son charme.
Les personnages sont truculents : Zorba, bien sûr, qui oscille entre le paresseux, le macho, l'homme expérimenté, le naïf, le rustre et l'individu profondément humain, le lâche et le courageux. Madame Hortense, ancienne danseuse très gaie échouée sur cette île isolée de tout. L'idiot du village, la veuve, les moines... Il n'y a que le héros, l'écrivain qui vient prendre possession de son héritage, qui soit assez décevant, par sa platitude et son manque de relief.
Le principe de ce type de film est connu : un individu stressé par la ville va découvrir les joies d'un petit monde où tout le monde se connaît et sait prendre son temps. Il y a de ça, mais c'est un peu plus compliqué, heureusement. D'abord, la Crète n'est pas idéalisée : les vieilles ont quelque chose d'inquiétant ; les paysans sont frustes et peu communicatifs (tous ces sourcils froncés...). Enfin, l'épisode de la veuve,avec toute la tension que l'on sent, montre bien qu'il ne s'agit pas juste de bons sauvages souriants.
Outre les superbes paysages, c'est un bon film, avec des séquences marquantes, comme l'inauguration du fameux téléphérique, et jusqu'à la de danse conclusive, copiée éhontément dans "La maison dorée de Samarkand".
"Zorba le grec" fait partie de ces films comme "Le troisième homme", qui ne sont pas des chefs d'oeuvre, mais qui réussisent le pari de faire un bon film facile à comprendre pour les standars occidentaux tout en gardant l'authenticité d'un lieu à part.