Le mythe de Zorro a énormément inspiré le cinéma depuis 1920, date de la première apparition du personnage sous les traits de Douglas Fairbanks qui fera l'objet d'un excellent remake en 1940 avec le fringant Tyrone Power, jusqu'à la plus récente interprétation d'Antonio Banderas dans le Masque de Zorro et sa suite ; Zorro a été mis à toutes les sauces, il a connu des tribulations érotiques, il a été parodié et transformé en gay (dans la Grande Zorro) et il a même rencontré les 3 mousquetaires d'Alexandre Dumas.
Cette version n'est donc pas la meilleure mais elle a cependant beaucoup d'entrain et un certain panache, Alain Delon a incarné le justicier masqué pour faire plaisir à son fils Anthony, et pour moi ce fut un beau souvenir d'ado, j'avais 16 ans et je me souviens l'avoir vu en salles, admiratif et enthousiaste, je l'ai beaucoup revu ensuite à la télé. A cette époque, je ne voyais pas les défauts d'un film, me laissant emporter par l'action et l'aventure, mais au final, il n'y en a pas tant que ça, même si les pantalonnades de Moustache incarnant un sergent Garcia vraiment stupide, finissent par agacer ; sinon il avait parfaitement la corpulence du rôle.
Delon tout en retrouvant un double rôle rappelant la Tulipe noire, campe un bon Zorro, dynamique et chevaleresque, et en même temps un Diego craintif et pleutre qui ne ressemble pas du tout aux personnages que joue l'acteur habituellement. Quelques éléments ont été changés, l'action n'a plus lieu dans la Californie espagnole mais en Nuevo Aragon, en Amérique du Sud, sinon c'est une sorte de reboot puisque la trame de fond est remise à plat et reprend l'intrigue vue dans le film de 1940 qui est celle d'un militaire brutal qui asservit les peones et contre qui lutte Zorro.
Cette version franco-italienne tournée en Espagne près de Madrid, fait suite à une dizaine de versions italiennes beaucoup plus improbables, et reste donc une production légère et enjouée de bonne facture, réalisée avec savoir-faire par Duccio Tessari avec qui Delon avait déjà tourné, notamment le polar mafieux Big Guns. Son passé de réalisateur de westerns resurgit puisqu'il réalise le film dans un esprit de western spaghetti et un peu aussi à la façon des comédies bon enfant du duo Terence Hill-Bud Spencer, c'est visible dans certaines scènes où la farce picaresque le dispute aux scènes d'escrime. Delon est également bien entouré, Ottavia Piccolo apporte son charme mutin, Giampiero Albertini campe le brave frère Francisco, et surtout Stanley Baker dont ce fut le dernier rôle, incarne un méchant tout à fait conforme à ce type de production, fourbe et cruel, avec un mélange de séduction cynique et de perfidie ; le long duel final entre Baker et Delon est d'ailleurs un beau morceau de bravoure. Enfin, le film est habilement soutenu par la musique entêtante des frères Guido et Maurizio De Angelis qui signent sous le pseudo d'Oliver Onions, le tube "Zorro is back", un disque que j'ai carrément usé sur ma platine à l'époque. Voila donc un vrai film de détente à voir en famille.
allez, pour le plaisir :
https://www.youtube.com/watch?v=X4PuBWCfdMg