"999..." était l’œuvre qui m'était vantée par excellence, le "meilleur jeu vidéo au monde", le jeu "qu'on ne peut qu'adorer". Piqué au vif par ces affirmations, je m'y suis donc attelé avec le secret espoir d'être déçu afin de pouvoir faire la nique aux tenants du bon goût vidéoludique.

Évidemment j'avais tort.

Pourtant ça ne commençait pas si mal. Après un prologue brillant par son absence et une première énigme incompréhensible - à ma décharge, il s'agissait quand même du premier point'n click de ma vie -, j'étais déjà en train de compter les points en me disant que décidément, en tant que jeu de puzzles, 999, c'était sacrément de la daube. Quand même. Et la suite du jeu n'a fait que me conforter dans cette opinion. Énigmes faciles, trop faciles, système souvent pénible à mettre en place mais pas vraiment stimulant intellectuellement, je sentais venir la grosse purge comme je n'en avais plus connu depuis...ben depuis jamais en fait.

C'est seulement à la fin de mon premier scénario, soit à ma première mort, (brutale) que j'ai compris le véritable principe de ce jeu et que j'ai commencé à vraiment apprécier le titre de Chunsoft. Ce jeu, en fait, est révolutionnaire. Les énigmes ne sont qu'un prétexte à instaurer une ambiance oppressante. Le véritable but de 999, Nine Hours Nine Persons Nine Doors est tout autre : abattre le jeu lui-même.

Pour cela vous devrez percer sa structure, une structure caractéristique des visual novel : l'arborescence. Dans ce genre très particulier de jeux, dont 999 fait partie, le joueur est parfois confronté à des choix alternatifs qui définiront la voie qu'il prendra dans le scénario, la route sur lequel il se dirige et, fatalement, la fin vers laquelle il s'achemine. Pour obtenir la fin voulue, vous devrez chercher à comprendre comment a été construit le jeu

Voilà pourquoi, si vous voulez finir complètement 999, vous devrez mourir. Afin d'apprendre à connaître tous les choix que vous propose le jeu, ici résumés en portes à franchir, et surtout afin de comprendre comment s'articule le scénario du jeu. Plus que tout, le principal instrument de gameplay ici est le scénario. Tentez de percer les mystères. Votre avancée dans la compréhension de toutes ces questions qui se posent à vous (qui est Zero ? quel est le lien entre les participants du Nonary Game ? où êtes vous ?...) vous mènera à la compréhension du jeu, que vous devrez décortiquer miette par miette, choix par choix, en rassemblant les pièces de l'immense puzzle créé par les développeurs pour enfin obtenir la "True End", celle qui soulèvera jusqu'au dernier coin du voile et vous fera comprendre que tout, absolument tout avait été prévu.

Il ne s'agit pas toujours d'une partie de plaisir, et, il faut bien le reconnaître, le fait de refaire en boucle certaines énigmes inintéressantes est frustrant, malgré la présence bienvenue d'une avance rapide. Mais cette frustration est extraordinairement compensée par l'incroyable plaisir qu'il y a à tenter de comprendre les mécanismes du jeu pour les prendre à revers, et finalement gagner, non sans s'être aperçu, au passage, que vous avez fait exactement ce que l'on attendait de vous...

Le scénario de 999 est bourré de surprises, de chausses-trappes et de faux-semblants qui ne se révèleront à vous que progressivement. Tant de questions qui se posent, tant d’obscures références sont faites (Titanic ? télépathie ? glycérine ?) qu'on se demande si tout cela a un sens. Oui, c'est le cas. Mais pour pouvoir le saisir, attendez-vous à être surpris à chaque ending, à être horrifié, émerveillé, fasciné, et surtout à ressentir en permanence cette envie sauvage de comprendre POURQUOI ?

Enfin, si 999 semble parfois austère, que ce soit à cause de son graphisme pauvre, de sa musique mécanique ou de sa quantité colossale de textes, il recèle quand même des perles d'humour qui m'ont fait hurler de rire. Surtout ce fameux quiproquo devant un ascenseur...

999 Nine Hours Nine Doors Nine Persons ? Une souffrance de tous les instants récompensée par la récompense la plus jouissive qui soit : cette extraordinaire impression de comprendre de plus et en plus et en même temps de s'enfoncer de plus en plus dans les méandres d'explications absurdes, qui, pourtant rassemblées, forment un puzzle scénaristique brillamment construit.

Je reconnais ma faute, demande pardon au Funyarinpa, et vais maintenant dormir. Oui, il se fait tout de même un peu tard, et j'y ai sans doute passé plus d'une centaine d'heures avant de triompher. Mais que voulez-vous, tout a un prix : maintenant je sais tout. TOUT !

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le 19 août 2013

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Tezuka

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